samedi, mars 27, 2010

Justification :la foi la loi les oeuvres.

La foi, la loi, les œuvres.

Quand Paul écrit l’épître aux romains qui est sa dernière épître, il se situe dans un contexte que je qualifierais de polémique et qui apparaît déjà clairement dans la lettre aux Galates. La circoncision, signe de l’appartenance au peuple élu, et une certaine pratique de la loi (régime alimentaire) n’assurent pas d’entrer dans le d’entrer dans le Salut.


Ga5, 1C'est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l'esclavage. 2Moi, Paul, je vous le dis : si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira plus de rien. 3Et j'atteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire, qu'il est tenu de pratiquer la loi intégralement. 4Vous avez rompu avec Christ, si vous placez votre justice dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce. 5Quant à nous, c'est par l'Esprit, en vertu de la foi, que nous attendons fermement que se réalise ce que la justification nous fait espérer. 6Car, pour celui qui est en Jésus Christ, ni la circoncision, ni l'incirconcision ne sont efficaces, mais la foi agissant par l'amour.

Paul n’oppose pas la foi et les œuvres, mais la foi et l’obéissance à la loi.

Se convertir, renoncer au vieil homme pour revêtir (ou se laisser revêtir par) l’homme nouveau, le Christ ressuscité modifie notre manière de vivre au monde et dans le monde et de ce fait la foi ne peut exister sans les œuvres qui en sont en quelque sorte le signe visible, avec leur valeur de témoignage.

Considérer tous les hommes (pas seulement les frères de race) comme des frères parce Jésus a donné gratuitement sa vie pour tous les hommes sans distinction, permet une relation totalement renouvelée à Dieu.La mort de l'Unique faisant de l'humanité une multitude de frères.

Opposer la justification par la foi aux œuvres, c’est faire l’impasse sur le rapport à la loi, sur la tora, car c’est contre elle que Paul s’élève et il est bien placé pour le faire.

Il me semble que ce qui est dans l’élection d’Israël, c’est et c’était l’écoute et l’obéissance. Si le publicain est justifié ce n’est pas parce qu’il a accomplit comme le pharisien son devoir d’aller au temple et de se croire justifié parce qu’il a « fait » ce qui est prescrit par la loi, mais parce qu’il s’est présenté « humblement » devant son Dieu.

Ce qui est premier avec Jésus c’est de faire éclater exploser les relations. Dans la parabole du bon samaritain, il s’agit de sortir de ses petits concepts : je m’occupe de celui est là sur le bord de la route, quelle que soit son appartenance religieuse ; tout homme est à l’image de Dieu, et c’est cela l’important.

Dans le jugement dernier de Matthieu 25, que se passe t il ?

Mt 25, 31« Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire. 32 Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres. 33 Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. 34Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35 Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli ; 36 nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.” 37Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? 38 Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ? 39 Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ? ” 40 Et le roi leur répondra : “En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait !"

Les bénis ce sont ceux qui ont donné à ceux qui étaient dans le besoin sans se préoccuper de savoir s’ils étaient pécheurs (au sens des évangiles : publicains, prostituées, malades) mais simplement parce que ces personnes étaient dans le besoin. De ce fait la prophétie d’Isaïe que Jésus s’attribue Lc 4, 16 : « renvoyer les opprimés en paix, proclamer la libération des captifs et aux aveugles (nous) le retour à la vue, est mise en action par tous ceux qui reconnaissent que Jésus est celui qui donne la vie, qui fait d’eux des vivants par le don de son esprit.

Le moteur c’est bien la foi. Etre dépositaire de la Tora ne donne pas automatiquement le salut, une certaine pratique de la Loi ne sauve pas (et c’est le risque permanent encore aujourd’hui), car elle entretient le jugement et non l’amour.

Quand Jacques dit « montre moi tes œuvres et je verrai ta foi » que dit il ?

Jc 3,14 A quoi bon, mes frères, dire qu'on a de la foi, si l'on n'a pas d'œuvres ? La foi peut-elle sauver, dans ce cas ? 15 Si un frère ou une sœur n'ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours, 16 et que l'un de vous leur dise : « Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit », sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? 17De même, la foi qui n'aurait pas d'œuvres est morte dans son isolement. 18 Mais quelqu'un dira : « Tu as de la foi ; moi aussi, j'ai des œuvres ; prouve-moi ta foi sans les œuvres et moi, je tirerai de mes œuvres la preuve de ma foi. 19Tu crois que Dieu est un ? Tu fais bien. Les démons le croient, eux aussi, et ils frissonnent. » 20 Veux-tu te rendre compte, pauvre être, que la foi est inopérante sans les œuvres ? 21 Il dit si tes œuvres sont en lien avec l’amour qui est en toi, alors oui, tu peux être dans le joie. Mais si tu te contentes de dire oui celui là est Fils de Dieu, celui la couvre mes fautes, et de rester passif et de ne rien changer, alors tu as remplacé une loi par une autre et tu n’es pas dans la Joie de ton maître.

La justification par la foi (la foi justifie une multitude de péchés) ne peut se comprendre que si on n’oublie pas la contexte polémique et l’aventure même de Paul qui était un spécialiste de la Tora, et qui a abandonné ses certitudes, pour suivre celui qui a permis à tout homme de devenir pleinement frère de Jésus et fils du Père et de connaître la profondeur de l’Amour.

La foi permet d’être fils avec le Fils et d’entrer dans la création la recréation et de commencer à faire un peu, humblement, petitement un monde nouveau.

Je me demande si l’interprétation de Luther qui oppose la justification par la foi aux œuvres n’est pas une sorte d’erreur. Pour Paul la justification par la foi s’oppose à la justification par la loi et non à la justification par les œuvres. Que Luther l'obsessionnel, le scrupuleux, ait découvert (et cela est tout bénéfice) que la miséricorde du Père est là, qu’il suffit de tendre les bras pour être accueilli, certainement.

Mais dissocier la foi des œuvres reste pour moi une sorte de non sens. « Car, pour celui qui est en Jésus Christ, ni la circoncision, ni l'incirconcision ne sont efficaces, mais la foi agissant par l'amour » Gal 5, 6.

vendredi, mars 26, 2010

Psaume 94: Jamais vous n'entrerez dans mon repos




"Vous n’entrerez pas dans le lieu de mon repos".

Ce psaume 94 est utilisé comme psaume d’entrée dans l’office des Laudes qui est je le crois un office de louanges. Or la finale de psaume : jamais ils n’entreront dans mon repos, me pose question.

Voici le psaume : (trad liturgique)

1Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
2Allons jusqu'à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

3Oui, le grand Dieu, c'est le Seigneur,
le grand roi au-dessus de tous les dieux :
4il tient en main les profondeurs de la terre,
et les sommets des montagnes sont à lui ;
5à lui la mer, c'est lui qui l'a faite,
et les terres, car ses mains les ont pétries.

6Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
7Oui, il est notre Dieu ; +
nous sommes le peuple qu'il conduit,
le troupeau guidé par sa main.

(jusque là tout va bien, on est bien dans la louange et l’adoration de ce Dieu qui s’est choisi un peuple que l’on peut assimiler dans notre aujourd’hui à l’église) .

Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ? +
8« Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
9où vos pères m'ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit.

(Là il y a un rappel qui peut effectivement nous concerner aujourd’hui, fermer ou endurcir, ne pas voir, c’est si facile).

10« Quarante ans leur génération m'a déçu, +
et j'ai dit : Ce peuple a le coeur égaré,
il n'a pas connu mes chemins.

(là c’est un discours presque normal qui est un constat, mais c’est après que ça se gâte…)

11Dans ma colère, j'en ai fait le serment :
Jamais ils n'entreront dans mon repos. »

(Et c’est la fin très abrupte de ce psaume).

Je suppose que les phrases clés sont celles ci : « aujourd’hui écouterez vous sa parole » ? (Chema Israël) phrase qui s’adresse à
nous aujourd’hui avec le rappel de ce que produire l’endurcissement du cœur (du moins avant la venue de Jésus) à savoir la rupture de la relation. Et « ne fermez pas votre cœur » qui reste un mécanisme toujours présent. Il n’en demeure pas moins que ce psaume introductif à l’office me pose quand même question. Je suppose que s’il a été choisi ce n’est pas pour rien, mais démarrer par une menace ne me plaît guère et à priori ne m’incite guère à entrer dans la louange, même s’il s’agit de considérer tout ce que Dieu a fait pour nous malgré tout.

Je comprends que Dieu soit déçu, mais il sait bien que la terre ne s’est pas faite en un jour (il est même bien placé pour le savoir) et que comme l dit la chanson« pour faire un homme, mon dieu que c’est long »

Ce verset m’a poussée à réfléchir sur la notion de repos le notre et celui de Dieu.



Sur les tombes on écrivait fréquemment « qu’il repose en paix ». Est ce que la mort est un repos ? Le repos serait il le contraire du mouvement, du faire. Le cercueil serait il un lieu où on peut se reposer enfin du travail accompli pendant toute une vie. Un lieu où le corps repose sur quelque chose qui le soutient ? Mais comme nous ne savons pas bien ce qui se passe après la mort, ne s’agit il pas d’un souhait: que là où se trouve le disparu, il puisse goûter le bon, le bien l’agréable. En d’autres termes qu’il soit heureux.

Quand je travaillais dans une maison d’accueil spécialisée une des phrases favorites d’une des résidentes était : « vendredi ROPO ». En fait comme elle ne connaissait pas les jours de la semaine, cela voulait dire qu’elle nous souhaitait d’être en congé ce qui était une sorte de cadeau de sa part: tu as le droit de partir de ne pas t’occuper de moi, de faire ce que tu veux. Notre repos étant alors ne pas travailler, ou plutôt ne pas être obligé de travailler !




Pour nous repos est associé à ne rien faire et à laisser faire les autres. On se repose pendant les vacances, c’est à dire qu’on ne travaille pas. On sort du quotidien pour être autrement (je dis être et non pas faire). Mais pour que ceci soit possible il est nécessaire de se sentir en sécurité. Quand le psalmiste dit « je me repose à l’ombre de tes ailes » il veut dire que ce lieu de repos est un lieu sécurisant, où il se sent à l’abri des vents mauvais, protégé.

On pourrait dire que le repos c’est finalement un lieu où l’on se sent bien, où l’on est en sécurité et où on ne fait que des choses qui semblent agréables (ce qui peut renvoyer au repos du guerrier !). Et pourtant curieusement se reposer quand on ne dort pas n’est pas si facile que cela. Rappelons nous les siestes de notre enfance…

De fait même si nous ne sommes pas dans l’action, même si nous nous reposons, (ne faisons rien de précis) notre corps lui ne connaît pas le repos, puisque notre cœur bat et nos poumons respirent. Il m’arrive de penser connaître le repos lorsque justement dans la respiration je goute les moments ou à la fin d’un inspiration ou d’une expiration je suis un peu comme la marée, étale. Pour moi le repos ce serait cet état là, un moment de transition, un moment sans action, un moment où je me sens être. Mais cette conception du repos m’est possible parce que je n’ai pas à gérer trop de douleurs physiques et que ma tête n’est pas trop prise par un déchainement de pensées. Mais j’aime ces moments d’arrêt ou je peux vraiment gouter l’arrêt, attendre que la respiration reparte d’elle-même. En fait le cycle complet de la respiration est pour moi un repos, la sensation d’être vivant..

Pour en revenir à la phrase du psaume 94, à priori elle peut se comprendre comme « vous n’entrerez pas dans le pays que je vous ai promis, qui sera le pays où avec vous je résiderai, vous protégerai. Ceci étant d’une certaine manière confirmé par le psaume 132 qui célèbre le transfert de l’arche à Jérusalem, le lieu choisi pour être la résidence du Dieu tutélaire.
Ce lieu (le temple) le lieu de la gloire de Dieu, s’il n’avait pas été un lieu de « majesté » aurait pu être le lieu où Dieu vient se promener à la brise du jour, un lieu de véritable rencontre (ce que Jésus confirme quand il parle de la prière du publicain et du pharisien). Mais peut-on mettre Dieu en cage ? N’est Il pas un dieu qui chemine ?

Un sens possible de ce mot de « repos » serait alors « demeure ». Dieu propose à l’homme un lieu ou où demeurer avec lui (c’est la thématique de l’évangile de Jean) « Si quelqu’un m’aime, mon père l’aimera et nous demeurerons en lui, et nous ferons en lui notre demeure »

Maintenant que Dieu « se repose » cela reste à voir. Après la création il est bien question de repos, mais cela je crois indique aussi que Dieu est capable de mettre comme un terme à une certaine activité, ce qui ne veut pas dire qu’il n’agit pas autrement. La phrase de Jésus « mon père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi » Jn5, 17. Ne montre elle pas que le faire est différent de l’être et que celui qui se nomme « Je suis celui qui suis » reste actif même s’il n’est pas dans le faire.
Entrer dans le repos de Dieu me semble être un désir très profond, qui peut se réaliser au moins partiellement dès aujourd’hui, quand nous cessons de nous agiter et de vouloir faire parce qu’il faut faire. Entrer dans le repos de Dieu, n’évite pas les vicissitudes de la vie mais qui permet de les affronter dans la paix et d’apprendre à demeurer.


vendredi, mars 19, 2010

Parallélisme: Ex 3 et Jo 5: L'Ange du Seigneur




Parallélisme

Ce dimanche (14 mars 2010) qui est le 4° du carême il y a en première lecture un texte tellement court du livre de Josué que je suis allée rechercher ce qu’il y a avant et après.

Avant, c’est la le passage du Jourdain qui est comme le passage de la mer rouge : la sortie du désert se fait comme la sortie d’Egypte. Puis c’est la circoncision des hommes : geste d’alliance inscrit dans le corps. La célébration de la Pâque (texte d’aujourd’hui) avec la cessation de l’alimentation « divine » et enfin la rencontre de Josué avec l’Ange du Seigneur, un ange porteur d’une épée et dont Josué ne sait pas s’il est ami ou ennemi.


Cet ange m’a fait penser au chérubin que Dieu a mis devant la porte de l’Eden pour empêcher l’humain d’y revenir pour s’emparer du fruit de l’arbre de la vie.

La terre de Canaan, cette terre ou ruisselle le lait et le miel est d’une certaine manière le nouveau paradis, le nouvel Eden, le lieu de la résidence de YHWH : enlève tes sandales car le leu que tu foules est Saint. C’est la même phrase que nous avons pu lire en Exode 3 (buisson ardent). Josué a sa théophanie à lui, qui est différente de celle de Moïse.

Mais pour entrer dans cette terre, il y a un verrou (une ville fortifiée qui barre l'accès) qu’il faut faire sauter. Jusque là, il y a eu guerre. Là il va se passer autre chose (peu importe la réalité historique). C’est la foi et l’obéissance qui vont faire sauter le verrou Jéricho, et qui vont permettre l’entrée dans le lieu de la présence.



Pour entrer dans le lieu de la présence, il semble indispensable d’écouter et de faire, même si cela peut paraître fou. Alors seulement le paradis perdu, ce lieu où YHWH aime à se promener et à converser peut être retrouvé et cela c’est cadeau .
Parr