lundi, juillet 26, 2010

"Au jour le jour" 25/07

Pensées pendant la messe...

L'évangile du jour est la réponse donnée par Jésus à ses disciples qui lui demandent comment prier, m'a renvoyé à la question du pardon. Je pensais à mon amie qui a été agressée il y a peu de temps. Je pensais à ce garçon qui doit être rempli de haine, à ce garçon qui comme beaucoup de jeunes, vit dans une sorte d'anonymat avec son capuchon sur la tête avec son capuchon,à ce garçon capable de proférer des menaces de mort, parce que cela il l'a fait en plus de l'agression.

Bien sûr ce n'est pas moi qui vit dans la peur, mais comment pardonner à quelqu'un qui est capable de faire tellement de mal? Mon amie pourra t elle un jour lui pardonner comme le demande Jésus dans la prière qu'Il nous a donnée?

Comment toutes les personnes que je connais et qui ont vécu des abus sexuels, des maltraitances durant leur enfance et leur adolescence peuvent elles pardonner? Est ce possible, est-ce envisageable?

J'ai tellement entendu de personnes qui m'ont dit avoir été complètement cassées parce que des prêtres bien intentionnés leur avaient dit qu'elles "devaient" pardonner, et tant que cela ne serait pas fait, elles seraient dans le péché, alors qu'elles ont été détruites, abîmées, saccagées par des personnes qui savaient ce qu'elles faisaient. A la limite elles les victimes devenaient les agresseurs et étaient rejetées, une fois de plus.

Et puis j'ai pensé au témoignage de ces personnes qui avaient fait pis que pendre dans leur vie et qui un jour ont été saisies par le Seigneur, alors que celui çi n'avait aucune place dans leur vie.

Et je me suis dit que la seule chose que je pouvais faire pour ce garçon, c'était de prier pour que le Seigneur se manifeste à lui, pour que l'Esprit le saisisse, pour qu'il change.

Cela c'est quelque chose que je peux demander et qui me permet de sortir de la colère qui monte en moi, chaque fois que j'apprends la souffrance quotidienne des personnes qui ont été abusées à un moment de leur vie. Car si je peux compatir, normalement je n'ai pas à partager la colère (qui parfois n'existe même plus) contre des personnes que je ne connais pas.

Je me disais que cette demande là, "Seigneur manifeste toi, Seigneur ouvre leur coeur et change le" cette demande là, je peux en faire une prière quotidienne  et que peut être cette demande là peut être accessible à ces personnes qui ont été abusées et pour lesquelles le pardon est impensable.

Maintenant est ce que cette demande peut aussi concerner les agresseurs décédés, je pense que oui, parce que je ne sais pas ce qui se passe après la mort et que l'espoir du changement reste possible.



La deuxième pensée que j'ai eu durant cette célébration , c'est que si Jésus est inséparable du Père, (qui me voit voir le Père), et que le Souffle est d'une certaine manière constitutif de Dieu alors ce que nous mangeons, c'est bien autre chose que le corps, même ressuscité de Jésus, c'est la possibilité d'être dépositaires de la Trinité. Et être le réceptacle de son Dieu, cela rend vraiment tout petit petit. Mais quelle merveille.

dimanche, juillet 25, 2010

Le marchandage d'Abraham



Le texte Gn,18, 20-32, raconte ce que l'on a coutume de nommer le marchandage d'Abraham avec le Seigneur pour éviter la destruction de Sodome.

On se centre toujours sur l'audace du vieil homme face à Celui que nous savons être le Dieu tout puissant, mais on oublie que le neveu d'Abraham réside à Sodome (et la genèse relatera le sort des deux compagnons de Dieu pour montrer à quel point les habitants de cette ville sont pervertis).

Sauver la vie de ce proche parent, alors que lui Abraham n'a pas de descendance, est donc indispensable et tous les moyens sont bons pour l'obtenir.

dimanche, juillet 18, 2010

"Tendresse de Dieu ou Dieu de tendresse…"

Tendresse de Dieu ou Dieu de tendresse…




Ps 85, 15 « Toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité »

De nombreux refrains que nous chantons dans nos églises célèbrent un "Dieu de tendresse qui parle au cœur des hommes" mais si on associe le mot de tendresse à attention, douceur, il semble bien que la tendresse de Dieu soit somme toute très particulière.

Dans les psaumes ce mot de tendresse est bien souvent associé à « lent à la colère » ce qui indiquerait que le Dieu d’Israël y regarde à deux fois avant de faire payer à son peuple les fautes qu’il a commise. Il s’agit donc de la découverte d’une caractéristique spécifique du YHWH, qui le différencie des autres Dieux de l’époque. Dans le premier testament (recherche avec la bible de Jérusalem) le mot tendresse est finalement peu employé. On le trouve une fois dans l'exode 34, où il est associé à pitié, une fois dans le 2° livre de chroniques, cinq fois le livre de Néhémie, une fois chez Jérémie, Osée Joël et Jonas et 13 fois dans les psaumes. C'est peu surtout si on fait la même recherche sur le mot "colère" qui uniquement dans les psaumes, apparaît 37 fois, soit presque le triple.

Parler de Dieu reste toujours une gageure et lui attribuer des sentiments « humains » est très approximatif.

D'après le Larousse, la définition de ce mot serait: » Sentiment tendre d'amitié, d'affection, d'amour qui se manifeste par des paroles, des gestes doux et des attentions délicates ». Or souvent quand je vois les galères dans lesquelles se débattent beaucoup des mes ami(e)s qui ont mis leur foi et leur espérance en Dieu, j'ai du mal à considérer que Dieu fait montre de tendresse. Et il me revient la phrase de Thérèse d'Avila:" Seigneur si c'est comme cela que vous traitez vos amis, pas étonnant que vous en ayez si peu". Et pourtant cette même Thérèse avait un cœur transpercé par l'amour qui l'unissait à son Epoux.

Alors la tendresse qu'est ce que c'est? Je crois que nous confondons un peu tendre avec gentil, attentif, doux, voire même un peu mou. Ce serait tellement bien de posséder un Dieu qui non seulement serait capable de nous protéger de toutes les épreuves de la vie, mais encore de nous manifester des marques de tendresse quand nous sommes dans la mouïse, dans le désert, dans la tourmente.

Je sais bien que Paul parle de l'Esprit qui nous pousse à dire "abba", mais pour ma part je suis incapable de m'imaginer sur les genoux de la première personne de la Trinité, jouant avec sa barbe. Il y a des chrétiens qui parlent de leur « Papa céleste » c’est impossible pour moi. Jésus parle souvent de son Père qui est notre Père, mais la familiarité m’est impossible. Il y a une distance infinie entre Dieu et l'homme et peut être que la tendresse permet justement de faire le pont, mais de quelle tendresse s'agit il?


Ce qui m'a éclairée a été de me rappeler qu'on oppose les pierres dures (par exemple le diamant) aux pierres tendres (le talc ou le grès). Les pierres tendres se laissent rayer par les pierres dures, elles se laissent broyer facilement. On dit aussi qu'une viande est tendre quand elle n'est pas difficile à mâcher, mais il faut quand même faire l'effort de la mastiquer.

Or spontanément nous mettons sur Dieu des représentations de dureté, d'inflexibilité, de jugement, de justice, parce que ce sont les caractéristiques du pouvoir. Un Dieu qui est capable de faire alliance avec l'humain ne peut être un Dieu dur et impitoyable.

Un Dieu qui parle à l’homme, un Dieu qui s’incarne est il un Dieu dur qui écrase tout sur son passage ? Car ce que Dieu nous dit et nous montre tout au long de l'histoire avec le peuple qu'il s'est choisi, c'est qu'Il n'est pas que dureté. Il est capable de nous protéger de ses ailes, de nous transporter, de se comporter comme un père ou comme une mère,

Curieusement c'est Dieu qui nous reproche d'avoir un cœur de pierre, un cœur dur qui ne se laisse pas toucher, alors que lui il a un cœur (oui je sais que c'est une image, car personne ne sait comme notre dieu est) qui peut se laisser émouvoir, qui peut être doux. Bien souvent tendresse va avec miséricorde (torrent d'amour pour moi), ou pitié (mot que j'aime moins).

La tendresse de Dieu serait elle d’espérer encore et toujours que notre cœur de pierre puisse redevenir un cœur de chair, de ne pas croire que tout est fichu pour l’humain , qu'il y a toujours du possible en lui?

La tendresse ne serait elle pas cette capacité à attendre que l'homme devienne capable au fil des siècles d'apprendre à le considérer non comme une chose que l'on supplie et qui donne, comme un juge implacable et destructeur, mais comme un Père, qui attend encore et toujours le retournement de cet homme capable du meilleur et de lui donner son Fils comme modèle et son Esprit comme souffle ?

mercredi, juillet 14, 2010

Orient, Occident...


Orient, Occident…

Si on pose comme postulat, qu’il existe quelque chose après la mort, la question qui vient à l’esprit sera: comme accéder à une vie « meilleure » que celle que nous avons connue sur cette terre.

L’approche orientale (du moins en schématisant beaucoup) serait de dire que pour échapper au cycle des réincarnations qui est lié à ce que nous avons vécu de mauvais dans notre vie et que nous devons apprendre à éviter, il nous faut, avec l’aide d’un maître apprendre a vivre dans la compassion, la sagesse, et ne plus nous laisser habiter par nos désirs. Certains en sont déjà capables ici bas (on peut dire que la vie éternelle est déjà en eux), mais ils ont à apporter à leurs disciples la possibilité, de franchir la mort (qui est une sorte d’épreuve) et de quitter le cycle des retours; il s’agit donc d’une certaine manière apprendre à vivre autrement, apprendre à faire grandir en soi le divin, mais ceci n’étant pas une fin en soi. Le but étant de devenir éveillé à une autre réalité. Dans cette approche, il est question de ne pas reproduire le mal. La réincarnation peut être vu comme une punition mais aussi et surtout comme une possibilité de transformation et aussi comme la possibilité (pour les Eveillés, les Maîtres) de permettre à d’autres de s’ouvrir au Divin. Même s’il est demandé des efforts importants à l’être humain, celui ci quand il rencontre le « maître » est capable de devenir divin. En cela il y a une vision qui me semble très positive de l’humain.

L’approche occidentale (judéo chrétienne) part de la constatation que la vie sur cette terre est dure et qu’elle est punition d’une désobéissance. La désobéissance originelle a coupé l’humain de son créateur, mais aussi pour beaucoup du divin qui est en lui. Il s’agit donc d’avoir en soi en permanence cette notion de coupure (péché) et d’apprendre à vivre autrement. Jusque là ce ne serait pas difficile, si ne s’était pas rajouté la dessus la conception d’un Dieu qui comme tout Dieu a droit de vie et de mort sur sa création et avec lequel il faut se réconcilier. Comme l’homme n’en n’a pas la capacité, seul Jésus vrai Dieu et vrai homme devient le médiateur capable de réaliser cela et (et par don gratuit de son Père) l’homme retrouve « la vie éternelle »qu’il avait perdue. On est là face à une représentation de l’humain qui est somme toute très négative. Mais par le don de son Esprit, le divin investit peu à peu l’homme et lui permet de retrouver l’harmonie perdue et surtout la capacité d’Aimer.

Il y a donc chez les orientaux un apprentissage pour devenir un éveillé et quitter cette terre et chez les européens au sens large, une lutte contre le péché pour accéder dans l’au delà à la vie auprès de Dieu. Etre éveillé ce serait percevoir le divin d’abord pour de très courtes durées puis de manière de plus en plus permanente. Chez les occidentaux une lutte permanente entre le bon et le mauvais, un dualisme permanent : du fait de son corps l’homme est tiré vers l’animal alors qu’il a été crée pour être à l’image de son créateur.

Et ce qui différencie le christianisme du bouddhisme c’est le péché et avec le péché une représentation de l’homme comme un minable, incapable de faire la moindre bonne action. Une des phrases répétées dans les oraisons de la messe n’est elle pas : « sans Toi notre vie tombe en ruine ». L’animal est capable de faire des choses pour ses petits, de se sacrifier pour que eux vivent. L’homme n’en serait il pas capable simplement parce qu’il est un être vivant ?

Le message de Jésus est un message de vie. Quand Il nous dit : « Moi je le ressusciterai au dernier jour », cela peut s’entendre comme : Moi qui suis la Vie, le Vivant, je donnerai cette vie qui est en moi, sans pour autant m’affaiblir ou me perdre, pour que tous soient remplis de cette vie.

Je crois que supporte de plus en plus mal la supposée relation entre l’homme « pécheur, capable de toutes les vilenies » et Dieu tout bon tout parfait que la bassesse de sa créature insupporte au point de vouloir la supprimer.

Est ce que Jésus a donné sa vie pour nous « réconcilier avec son papa « ou pour nous permettre d’accéder à notre autre dimension, celle de créature à l‘image et à la ressemblance ?

En nous, il y a le désir d’être aimé mais aussi le désir d’aimer, de donner de l’amour et je pense que cela c’est la caractéristique de l’humain, je veux dire que cela nous appartient (comme cela appartient aussi à certains animaux). Je veux dire qu’il y a du bon qui nous caractérise et du mauvais, mais que le bon c’est nous aussi. Pour moi, il y a un Dieu plein d’amour qui désire le partager et il y a un humain qui désire non moins fortement être aimé, parce que cela c’est justement sa marque de fabrique, et c’est la conjonction de ces deux désirs qui crée la relation, qui fabrique du divin en l’homme et qui a permis l’incarnation.
Or le péché c’est quoi ? C’est cette glaise qui est en nous par constitution, c’est cette animalité qui fait que nous convoitons ce que possède l’autre. C’est cette possibilité d’aller jusqu’au meurtre pour nous approprier ce que nous imaginons ne pas avoir, ce qui nous fait défaut. En chacun de nous il y a une pulsion de mort et une pulsion de vie. Notre pulsion de vie est bien fragile, bien menacée par nos désirs de mort. Ce mal qui est en nous, il est constitutif de ce que nous sommes. Il est un moteur, que nous le voulions ou non. Chaque fois qu’il nous coupe des autres, de la compassion, de la sagesse, de l’amour, il ne nous permet pas d’être vivants. On peut dire que cette mort à nous même qui est une sorte de refus du divin qui est en nous est ce qui nous coupe de notre accomplissement.

Quand Paul dit « laissez vous réconcilier avec Dieu » que dit il réellement ? Dit il que Dieu s’était détourné de sa créature et la laissait dans son caca, jusqu’à ce que cette créature reconstruite en son fils lui plaise suffisamment et qu’Il renonce alors à la détruire (où à la punir en la mettant dans des situations de vie très difficiles) ou bien dit il que désormais par l’envoi de l’Esprit Saint, il est possible à tout homme d’entrer en relation avec Dieu et d’être un Vivant ?

Ce que Jésus nous donne c’est la capacité, peu à peu de devenir des hommes à son image, c’est à dire des êtres capables d’aimer et éventuellement de donner notre vie, non pas pour être des héros, parce que nous n’en sommes pas capables, mais parce que nous sommes appelés à être des passeurs de vie. Jésus nous éveille à une autre vie, qui est peut être celle que recherchent aussi les orientaux. Simplement l’Eveil n’est pas un but, c’est le moyen d’être en relation avec les autres, avec nous-mêmes et avec Dieu (quelque soit le nom qu’on lui fasse porter).

dimanche, juillet 04, 2010

"Une agression"

Une de mes amies vient d'être agressée en entrant dans le local aux poubelles. Il y avait deux personnes qui étaient là et avant même qu’elle ait pu faire quoique ce soit, elle a reçu un coup dans le genou tandis que l’autre s’attaquait à son visage avec un cutter en disant: « ça c’est pour que n’ouvre pas ta gueule ». Ce qui voulait certainement dire, si tu vas voir les flics, je te tue. On peut imaginer le traumatisme généré par cette agression et la question taraudante: « pourquoi moi, qu’est ce que je leur ai fait ? »

On pourra dire que mon amie s’est trouvée là au mauvais moment, mais pourquoi s’attaquer à quelqu’un qui vient juste pour vider sa poubelle. Pourquoi cette atteinte à l’intégrité corporelle ? Car la marque ne s s'effacera pas comme cela avec un coup de gomme. Il y a eu du sang, il y a eu de la douleur et cela est volontaire.

Il m’est venu l’idée que celui qui a provoqué la blessure au visage a voulu montrer à l'autre ce qu’il était capable de faire, que le caïd c’était lui et qu’il était le plus fort parce que le plus violent. Je veux dire que mon amie là-dedans elle n’était qu’un objet (ce qui en soi est abominable) qui permettait à l’un des deux de montrer sa force et sa supériorité. Il devenait digne de respect, puisque je crois que ce mot là est très important dans les bandes. Pour se faire respecter on devient capable de tuer. Est ce cela être humain ? Est cela être digne de respect ?

Cette agression me renvoie directement à la question du mal, car ce qui s’est passé là, c’est mal, c’est le Mal. Et de ce mal je me suis sentie partie prenante, car si ce mal existe qu’est ce que je fais pour l’empêcher ? Je le constate, j’en suis affligée, je suis en colère, mais d’une certaine manière j’y participe. Et quand je dis la prière du cœur qui se termine par aie pitié de moi, pécheur, oui pécheur je le suis par la connivence, par le silence, bref, je le porte ce mal. Comment en sortir, comment en être délivré ? Est ce possible dans notre ici et maintenant ou est ce une utopie ?

Ce qui m’a alors frappée, c’est que la dernière demande de la prière donnée par Jésus c’est « délivre nous du mal » et si c’est la dernière demande c’est peut être que c’est la plus importante ; je peux d’ailleurs noter que contrairement aux psaumes il n’est nullement question dans cette prière au Père, de vengeance et de justice.

Délivre nous du mal c’est nous faire passer du monde de l’esclavage de la violence, de la négation de l’autre à un autre monde. Jadis Dieu a fait sortir son peuple de l’esclavage des égyptiens « à main forte et à bras étendus », mais au prix de la mort des premiers nés. Aujourd’hui la sortie, la délivrance se fait par la mort de son Fils, mais même si le salut est donné, il encore en espérance, car le mal reste là, avec son poids, son univers, son royaume.

Pour une fois, je désire profondément que le règne de Dieu arrive, et que la mort de ce monde advienne pour qu’un autre monde arrive, un monde où je ne serais plus complice du mal.

Que mon amie si elle lit ce billet sache à quel point cette agression m’atteint et combien j’aimerai que cela ne soit jamais arrivé.