lundi, décembre 31, 2012

"aiguillon dans ma chair"2 Cor 12,7

On a toujours beaucoup glosé sur cet aiguillon mis dans la chair de Paul par Dieu (et c'est peut-être cela qui est important) qui a pour but de l'empêcher de s'enorgueillir de son parcours et de ses visions. 

Je cite les versets où Paul exprime ce qui lui est arrivé:7Et parce que ces révélations étaient extraordinaires, pour m'éviter tout orgueil, il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m'éviter tout orgueil. 

8A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi. 

9Mais il m'a déclaré : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ.

Bien entendu on ne peut pas dire que ce soit très clair, mais ce qui me semble évident aujourd'hui, c'est l'important n'est pas de savoir ce que Paul a vécu dans son corps, mais qu'il y a des choses que Dieu ne guérit pas, n'enlève pas et que même il permet (même si lui n'est pas l'auteur de ce mal). 

Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées.. 

En d'autres termes Dieu doit-il tout guérir? Même si nous le demandons au nom de Jésus. 

mercredi, décembre 19, 2012

Des histoires de brebis. Matthieu 18 et Luc 15.


Pour expliciter un peu le billet précédent... 





Dans la Bible, il est parfois questions de brebis, de berger, de querelles aussi…
Le psaume 23 rappelle ou révèle que Dieu est le berger qui s’occupe de sa brebis (ici le peuple Israël dans son intégralité) et qu’Il veille sur elle et la protège. Dans l’évangile de Jean, Jésus prend ce rôle : il est la porte qui permet aux brebis qui connaissent sa voix d’aller et de venir (liberté) et il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent comme lui connaît le Père et que le Père le connaît. Si le psaume 23 est d’une certaine manière sélectif, ici on passe dans l’universel ce qui en soi est « la bonne nouvelle ». La brebis dépend de son berger.
Mais outre les paraboles du jugement dernier (Matthieu 25) où il est question de brebis et de chèvres qui représentent les élus et les rejetés, il est aussi des récits qui parlent d’une brebis égarée et de la joie du berger qui la retrouve. Un tel texte a été lu il y a peu de temps (Mt18, 12-14) et alors qu’il est très simple, il m’a posé un tas de questions, sur le berger, sur la brebis égarée et sur le troupeau…
Le texte de Matthieu qui précède ce court passage est centré sur la place des petits (des humbles, des sans instruction, des dépendants) et de la responsabilité future des apôtres vis à vis de ceux là qui deviendront leurs brebis. Il est intéressant de noter que ce passage commence par un questionnement : « A votre avis, si un homme possède cent brebis et qu’une d’elle vienne à s’égarer, ne va t il pas laisser les quatre-ving-dix neuf autres sur la montagne pour s’en aller chercher l’égarée ? »

Logiquement il faudrait répondre par oui ou par non et on peut penser que les avis pourraient être partagés. On peut aussi penser que ce berger là est un peu fou… Mais nous n’avons pas la réponse des auditeurs. Peut être est il intéressant de savoir comment nous nous aurions répondu, même si le berger a pris sa décision. Mais il est évident que si l’on remplace brebis par enfant, la question ne se pose pas !

Et l’histoire continue en se centrant sur la joie de pasteur : « Et s’il parvient à la retrouver, en vérité je vous le dis, il tire plus de joie d’elle que des quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se  sont pas égarées ».

On peut comprendre la joie du maître, mais en soi ce n’est pas très sympa pour les autres qui ont respecté les consignes. Certes il n’est pas dit que le berger l’aime plus ou d’avantage que les autres, mais on a l’impression que la joie qui éclot est à la mesure de la peur ou de la peine ressentie. Faut il se barrer du troupeau pour ressentir que l’on a de la valeur pour le berger ?

La finale de cette courte histoire étant : «  Ainsi on ne veut pas chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits ne se perde ». La référence au Père qui est dans les cieux est importante car il y a un lien entre ce qui se passe ici et ce qui se passe la haut et ce qu’a fait le berger en permettant à la brebis de rejoindre le monde de la vie est dans le désir du Père.

Par certains côtés ce texte est quand même un peu rude pour les brebis qui restent seules dans la montagne, même si cela peut signifier que le berger peut leur faire confiance (ou confiance à d’autres gardiens). Peut être que ce qui est sous jacent ici c’est que si la brebis (le petit) s’égare il y a une responsabilité de ceux qui gèrent le troupeau et que les disciples auront à veiller pour que cela n’arrive pas. D’ailleurs dans la suite du chapitre, tout ce qui est dit sur le pardon peut aussi s’entendre comme : pardonner est bien supérieur à exclure (tendance par trop humaine et par trop facile).

Dans l’évangile de Luc, les choses sont un peu différentes, on n’est plus dans la montagne, mais dans le désert Luc 15, 14-17, mais il est aussi question de la joie dans le ciel pour celui qui se convertit car on est dans les paraboles (y compris celle du fils prodigue) qui parlent de la miséricorde. Jésus répond aux pharisiens qui lui reprochent de faire bon accueil aux pécheurs.

Mais que ce soit chez Luc ou chez Matthieu, on trouve un berger et une brebis bien particulière: celle qui n'est plus là quand on compte les têtes le soir et un troupeau. Et j’ai eu envie de réfléchir un peu sur ces trois entités.

Une brebis n'est pas un agneau et elle pèse un certain poids!

Prenons le berger.
Je peux comprendre qu'il soit heureux de l'avoir retrouvée sa brebis. Il a dû avoir un coup au cœur en se rendant compte qu'elle manquait à l'appel. Il est parti à toute allure, il l'a appelée, il a marché et là, il l'a retrouvée. Il lui a parlé et sa voix l'a rassurée. Il a vu qu'elle aussi était effrayée, qu'elle était fatiguée et il la prise sur ses épaules pour la ramener dans l'enclos et de là, il va aller raconter aux autres bergers la chance qu'il a eue et le joie qui est en lui. Il est fatigué parce que une brebis ce n'est pas un agneau et que ça pèse son poids, mais il est heureux. Et sa joie il veut la raconter, la faire partager. Peut être que sa joie est à la mesure de sa peur. Peut être que cela nous fait comprendre que le berger tient à nous, parce que qui peut dire qu’il ne s’est jamais égaré…  Ce berger là, il n’en veut pas à la brebis et ce regard là est un regard qui « sauve » car il ne juge pas.

Prenons la brebis, celle qui s'est égarée.
Pourquoi s’est elle égarée cette brebis ? Elle peut s'être égarée comme le fils prodigue de Luc en voulant fuir le troupeau, faire sa vie, faire ce qu'elle a envie de faire, être son propre maître, son propre Dieu. Les autres peuvent la regarder comme mauvaise. Mais nous savons que Jésus est venu justement pour ces brebis là alors qui sommes-nous pour juger? Et puis, elle peut aussi faire partie des ces brebis décrites par Ezéchiel: les chétives, les malades, les blessées, les égarées, les perdues (Ez 34,4) et là c'est différent, et nous nous ne savons pas pourquoi elle s'est égarée et ce n'est pas à nous de juger.

Cette brebis là, elle a retrouvé la sécurité, elle a aussi ressenti la joie de son maître dans le corps à corps du retour. Ce qui lui est peut être demandé c'est justement de témoigner de la joie de celui qui est parti pour elle.

Et je me suis demandée si pour connaître cette joie d'être porté par le berger, il faut faire de conneries (s'éloigner de l'enclos, aller vivre sa vie). Il est certain que trouver de la miséricorde là où humainement on s’attend à un rejet, cela doit changer complètement le regard sur le berger et sur l’amour qu’on lui porte.

Et maintenant prenons le troupeau, parce que là les choses sont plus compliquées.

Il est intéressant de noter la finale de la parabole : Luc 15, 7 :  « Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion » car d’une part Jésus reconnaît que des justes (même si le juste pèche un certain nombre de fois par jour) ça existe (et si Lui le reconnaît pourquoi si souvent l’église fait elle comme si c’était impensable) et que d’autre part c’est au ciel que la joie est grande. Que le berger soit dans la joie, oui, mais que le troupeau le soit, cela n’est pas si sûr. Notre sens de la justice est très aigu et il n’est pas si facile de se réjouir pour accueillir celui qui revient, surtout quand il a commis des fautes graves.  

Si on revient à l'évangile du fils prodigue, la réaction de l'aîné est quand même bien proche de celle que nous aurions eue. Lui qui est resté dans l'enclos, qui a fait le travail demandé et qui découvre que son père fait la fête pour son idiot de frère qui est parti pour vivre comme un débauché, il se met en colère et peut être n'a t il pas tort. Il a juste oublier cette phrase fantastique quand on y pense:" tout ce qui est à moi est à toi". Objectivement cela doit être difficile de voir la fête qui est faite pour le déserteur qui rentre, quand soi-même on fait tout ce qu'on peut pour être un serviteur fidèle.

Mais si nous raisonnons comme lui, le fils aîné (et il faut reconnaître si nous sommes un peu honnêtes avec nous mêmes que notre première pensée risque d’être que ce n’est pas juste, qu’il devrait payer, avant d'arriver à nous réjouir pour lui ou pour elle) il faut bien reconnaître que contrairement à ce que nous pouvions imaginer nous ne faisons pas partie de ces quatre vingt dix neuf justes qui d'après Jésus n'auraient pas besoin de faire pénitence.

Alors au lieu de se dire que la brebis égarée c’est l’autre, peut être pouvons nous reconnaître que la brebis égarée c’est nous et que le berger est là pour nous, pour nous aimer et être aimé.

Alors peut être que au final, le troupeau est fait de brebis égarées qui ont un jour entendu la voix du berger, qui sont connues de lui et qui le connaissent et qui sont remplies de la joie de celui qui est prêt à donner sa vie pour elles.

Joie au ciel....

Peut -être y a-t-il au ciel plus de joie pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence, mais je ne suis pas sûre que ce soit la même chose sur la terre!

Il suffit de penser à l'accueil qui était fait autrefois aux pécheurs publics.

mardi, décembre 11, 2012

Guérison du paralytique: Marc 2, 1-12

Une autre réflexion sur le texte de Marc.

Ce texte suit directement la guérison d'un lépreux, ce qui impliquait l'impureté de Jésus qui ne pouvait plus entrer dans les villes. Là il est à Capharnaüm, mais il est certain que les notables doivent le regarder d'un oeil un peu critique. Qui est il celui là qui brave les interdits rituels? Et devant leurs yeux il va accomplir une sorte de résurrection, mais toute guérison n'en n'est elle pas une?

Quand quelqu'un va en prison , on dit qu'il va "au trou". 
Quand quelqu'un est mort, on dit qu'il va "dans le trou".

Le paralytique de Capharnaüm est dans la prison de son corps, il est "au trou". Et ses amis le font tomber dans le trou qu'ils ont ouvert dans le toit, pour qu'il touche le sol, au fond du trou, là où Jésus l'attend. Quand il arrive là, il est bien "dans le trou".  Jésus se comporte en juge (tes péchés te sont pardonnés) puis il lui ordonne de se lever, de prendre son grabat et de rentrer chez lui. N'est pas pas là une scène de résurrection?  L'homme qui était comme mort est redevenu vivant.

lundi, décembre 10, 2012

Je suis le paralytique de Capharnaüm:.Marc 2,1



Je suis le paralytique que Jésus a guéri à Capharnaüm. Il fut un temps où je marchais comme tout le monde et puis petit à petit cela s'est grippé en moi et je suis devenu dépendant des autres, incapable de me mouvoir. Inutile de dire que cela m'était insupportable et que cela a agi sur mon caractère et que j'en voulais beaucoup à D ieu, béni soit-Il (encore que pour moi, Il ne l'était pas).

Je me demandais ce que j'avais bien pu faire pour que cela m'arrive. Certains disaient que c'était une punition parce que j'étais un peu trop porté sur le vin et sur les filles, mais ça c'est ce que eux disaient.

Mais malgré tout j'ai conservé des amis. Et un jour ils sont venus tout excités disant qu'il y avait un type qui allait de ville en ville en Galilée, qui disait que le royaume de Dieu était là, mais surtout qui guérissait les malades et les infirmes à tour de bras. Ils voulaient absolument que j'aille le voir. Alors comme je n'avais plus rien à perdre, j'ai accepté d'aller voir ce guérisseur, ce Jésus de Nazareth.

Par le bouche à oreilles on a appris qu'il était à Capharnaüm et nous y sommes partis. Comme je suis devenu lourd à force de ne pas me bouger, il a fallu 4 copains pour porter mon brancard. Mais quand nous somme arrivés, nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas les seuls. Incroyable le nombre de gens qui étaient là. On nous a dit que la maison était remplie de gens de la haute, des scribes, des prêtres, des pharisiens. Je me demandais pourquoi ils étaient là et pourquoi ils prenaient toute la place, car la porte était fermée, il y avait des gens dehors comme nous qui attendaient.

La maison était pleine, tellement pleine qu'on ne savait plus ou mettre les pieds et personne ne voulait ouvrir un chemin vers le guérisseur.Moi, j'aurais bien fait demi tour, mais paralysé comme je le suis, que pouvais-je faire? Mes amis ont refusé de se croire battus. Ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour rien. Il ne m'avaient pas trimballé pour rien.  Alors ils ont eu une idée: passer par le toit. Eux ils sont montés sur le toit, ils ont enlevé des tuiles et ceux d'en bas se sont rendus compte que quelque chose de pas normal se passait. Ils ont dû se demander ce qui allait leur tomber dessus! Mais ils n'ont pas ouvert la porte pour autant.

Alors on m'a ficelé sur mon brancard, je ne sais même pas comment ils ont fait pour me hisser sur le toit, parce que j'ai commencé à avoir peur, peur de cette peur qui vous prend au ventre, qui vous empêche de crier... Je me suis retrouvé devant ce trou. En bas il y avait de la lumière. Moi j'avais froid et peur. Je ne sais pas comment ils m'ont fait descendre, mais j'ai eu l'impression que j'allais mourir, que ma dernière heure était arrivée et d'un coup m'est revenu tout ce que j'avais fait de mal dans ma vie et cela se bloquait en moi. j'avais l'impression à la fois d'être dans un cercueil que l'on descendait en terre et que j'allais glisser, glisser et que rien ne pouvait me retenir.

Et puis brusquement, mon brancard était au sol, moi dessus, vivant. Le guérisseur s'est tourné vers mes amis qui n'étaient pas peu fiers d'être arrivés à me faire descendre sans me tuer... Il les a regardés d'abord eux, puis moi.

On aurait dit qu'il savait ce que je venais de vivre (toute ma vie qui avait défilé devant moi, avec tout ce que j'avais loupé) et il m'a dit que mes péchés étaient pardonnés. Mes péchés je venais de les voir tous défiler devant moi et il y en avait un sacré paquet qui me pesait sur les épaules. Pas étonnant que je ne puisse plus marcher.Bien sûr je n'étais pas venu pour ça, mais cette phrase a été au plus profond de moi, dans le puits qui est moi et elle a lessivé, tout ce bourbeux qui était en moi et j'avais envie de danser de joie. Je me sentais à nouveau vivant, même si j'étais toujours couché sur mon brancard.

C'est là ou ceux qui prenaient toute la place dans la maison ont commencé à ronchonner et à dire que personne ne pouvait pardonner les péchés sauf Dieu. Mais moi, je savais bien que j'étais pardonné, que j'étais tout léger, que le poids de mon péché ne pesait plus sur moi et quand jésus -puisque c'est le nom du guérisseur- m'a dit de me lever, de prendre mon brancard et de rentrer chez moi, cela ne m' a posé aucun problème parce que j'avais déjà retrouvé ma vigueur.

Du coup, je n'ai pas même pas attendu mes amis, je suis sorti, j'ai respiré l'air du dehors, parce que dedans il faisait rudement chaud et mes amis sont arrivés. Ils m'ont dit que tout le monde était dans l'admiration de ce que cet homme était capable de faire (et aussi de river leur clou à tous ces gens porteurs de belles robes), et nous, on a pris le chemin du retour.

On imaginait tout ce qu'on allait pouvoir raconter aux autres de mon village, et la fête qu'on allait faire tous ensemble et je me disais que les copains c'est vraiment une belle chose. Alors j'ai pu moi aussi bénir mon D.ieu et le bénir d'avoir envoyé cet homme Jésus.

mardi, décembre 04, 2012

"Le sang de la croix"


Quand on participe à une célébration eucharistie, des phrases  telles que " Le sang de la croix" ne nous heurtent plus. Bien sûr, nous rétablissons les choses automatiquement: ce n'est pas la croix qui saigne mais le corps de Jésus qui se vide de son sang. Il est alors figure de l'agneau immolé de la Pâques et la prophétie d'Isaë 53  (4° chant du serviteur) est réalisée.

Seulement ce matin en entendant ces mots: "le sang de la croix", je me suis dit que le supplice de la croix était un supplice qui provoquait une mort lente par étouffement lié à la fatigue. Il est un supplice sans sang versé (bien sûr il y a des clous, mais pas toujours et c'est la flagellation qui semble elle  être systématique et qui a pour but d'affaiblir le condamné qui ouvre des plaies et donc du sang)  et c'est une morte lente.

 Jésus lui, ne meurt pas seulement d'étouffement mais bien du sang qui s'écoule de lui de son vivant: les plaies du fouet et de la couronne d'épines et après sa mort: de son côté (il en sorti du sang et de l'eau).
Ce n'est que peu de temps avant la passion que Jésus parle de la croix (Mat 20, 19 et Mat 26,2) comme mode de mise à mort.  Certes il a dit qu'il serait livré, mis à mort mais sans dire comment. Peut être que les apôtres n'auraient pas supporté d'imaginer leur maître mourir comme le dernier des esclaves. Il suffit de penser à la réaction de Pierre à Césaré quand Jésus annonce pour la première fois ce qui va advenir de Lui.

Je me disais que la croix est de fait le lieu où Jésus meurt, donc un autel. Il est là entre ciel et terre et comme Isaac, il est lié sur le bois. Sur le plan symbolique, il me semble que cela est très important mais si Isaac est "sauvé" Jésus "sauve". La mort sur la croix, c'est être "à bout de souffle", c'est donner ce souffle  jusqu'au dernier. Et ainsi  ranimer l'humanité et lui donner la vie.
Jésus accepte de se donner ce qui n'est pas le cas d' Isaac. Le sang versé, actualise, réalise les prophéties d'Isaïe et de certains psaumes.

Si la croix ( l'autel) est en dehors de la ville, cela montre  que le Temple n'est plus le lieu de la présence (déchirure du voile au moment de la mort de Jésus) et que le sang versé est bien l'accomplissement des paroles dites lors du dernier repas le sang la nouvelle alliance versé pour vous (les disciples) et la multitude (universalité).

Ne peut -on dire que quand Jésus parle la coupe de son sang, il prophétise quelque chose qui va se réaliser. Choisir le vin comme symbole de cela, c'est à dire prendre les grains pressés qui donnent tout ce qui est en eux, est une image de ce que Jésus va faire en mourant sur la croix: il se donne en entier, il est à la fois le blé qui meurt en terre et le raisin qui donne tout ce qui est lui et le souffle qui féconde.

Par ailleurs permettre à des hommes de boire le sang (symbole de la vie) qui normalement est réservé à Dieu seul, montre d'emblée ce qu'est la nouvelle alliance: participation à la Vie de Dieu (même si c'est quelque chose que chacun a à découvrir).

Et je pense que c'est ce don total, réalisé en toute connaissance de cause qui fait de lui l'agneau pascal, l'agneau "saigné" par les prêtres, et son sang versé devient signe de l'alliance nouvelle entre l'humanité et Dieu, alliance qui fait rentrer tous les hommes dans leur rôle de co-rédempteurs, car si nous sommes aussi corps du Christ, alors avec lui nous participons au salut chaque fois que l'amour nous emmène là où n'avons peut être pas forcément envie d'aller.

En écrivant ce billet, il m'est revenu un chant que j'ai aimé, mais je suis incapable de dire quand (époque) on le chantait, mais j'en aimais et la musique et les paroles...

Ô Dieu recois ce froment broyé, Vois comme est beau ce pain, qu'il soit son corps.
Ô Dieu reçois ce raisin pressé, vois comme est beau ce vin, qu'il soit son Sang.

Je ne suis même pas sûre que ce sont les bonnes paroles, mais peu importe.





samedi, décembre 01, 2012

"Réflexions pas encore assez approfondies sur le mal".



Ce billet se veut une réflexion sur le Mal. Ce n'est pas la première fois que j'aborde ce sujet, mais là c'est peu différent et je dois reconnaître que c'est difficile car il ne s'agit pas du malheur mais du mal commis qui fonctionne un peu comme un tsunami dévastateur, qui lamine pour le plaisir de laminer, qui détruit pour le plaisir de détruire et d'avilir. C'est un mal dirigé contre ce qu'il y a d'humain dans l'homme.  


La récente lecture d'un roman : "Tokio" est à l'origine de ce questionnement. Comme souvent je me suis demandé quelle est la réponse peut on trouver dans la bible quand le Mal est au delà du mal. Le mal peut -il être vaincu "aujourd'hui"? Et  m'est revenu un refrain appris lors d'un pélèrinage de Chartres,"la victoire que a vaincu le monde, c'est notre foi" qui aurait pu être une réponse, seulement voilà, aujourd'hui je trouve que telle quelle cette phrase n'a aucun sens. J'y reviendrai. 



Par ailleurs, j'aurais tendance à dire que la mort et le mal sont là depuis toujours, qu'ils n'ont pas été introduit par la désobéissance (désobeissance qui en soi est une bonne chose puisqu'elle permet que les yeux s'ouvrent et que l'extérieur soit conquis) et que le mal est (si on veut être positif) un excellent moteur. Quand il est dit (Gn1) que le chaos (régnait ) ne peut -on penser qu'il  a fallu combattre pour séparer, pour créer et rien ne dit que ce fut facile! Je me demande si si le serpent qui est à l'extérieur du jardin (Gn3) n'est pas une figure du "retour du refoulé"... Mais ceci est une parenthèse.  



Je pense qu'on oublie un peu trop souvent que le mal est présent et qu'il y a un réel combat (nous savons bien ce qui parfois se passe en nous. peut être que le livre de l'Apocalypse est précieux à ce niveau là: combat permanent avec les forces du mal). 


J'aurais aussi tendance à dire que la mort de Jésus est pas uniquement une réconciliation avec Dieu présenté non comme un Dieu de miséricorde et d'amour mais comme le Dieu de la Colère qui vient et de la Vengeance "car le Dieu Père, sait bien que  que nous sommes fragiles, fluctuants souvent incapables de faire ce que nous aimerions faire ) mais le prix à payer pour que le mauvais- celui qui se prend pour Dieu- perde son combat. Peut être a t il cru gagner une fois Jésus mort, mais la résurrection est bien le signe qu'il n'en n'est rien et que la mort et le MAL peuvent être vaincus, du moins qu'ils le seront. 


Mais peut être y a t il mal et Mal. Le Mal dont il est question dans le roman c'est ce mal qui détruit non seulement le corps mais qui va au delà. Il renvoie à ce qui s'est passé pendant la deuxième guerre mondiale et mais aussi à ce qui se passe dans les pays en guerre, où les civils sont pris pour cibles et considérés comme des objets, et peut-être même moins que des objets.


J’ai trouvé il y a quelques jours un texte qui est une somme de plusieurs textes, tous remarquables qui posent la question du mal à propos des femmes violentées dans la région des grands Lacs d’Afrique.
Voici le lien http://www.lavie.fr/actualite/monde/guerre-du-kivu-des-chretiens-au-chevet-des-femmes-violees-27-11-2012-33610_5.php. Il suffit ensuite de télécharger le document en pdf. Ce texte pourrait peut être servir ici en Europe, car le Mal ce n’est pas ailleurs et les abus sont aussi réels en Europe qu’en Afrique. Quand le mal déferle comme un tsunami sur une population que faire? 


J’en reviens maintenant à ma propre mouture. 

J'ai donc lu ce livre« Tokio » dont l’auteur est Mo Hayder. Il s’agit d’un thriller magnifiquement écrit, qui décrit entre autre l’invasion japonaise de la Chine en 1937, le sac de Shangaï et celui de Nankin. Une des questions posée tourne autour du mal commis. Pourquoi certains êtres humains (mais sont ils encore humains) se transforment ils en monstres capables de prendre la vie des autres pour s’en nourrir  (et là au sens propre de cannibalisme) ou pour le dire autrement pourquoi certains êtres humains dans leur désir de tuer, d’annihiler pour devenir les plus forts,  se transforment-ils en monstres.

Ce qui est décrit au fil de ce roman, c’est le Mal avec un M majuscule. Il s’agit non pas de détruire mais de détruire au delà de la mort. Or cela se passe chaque fois que quelqu’un s’érige en dieu et décide de faire da propre loi en devenant le plus puissant possible et en faisant régner la peur (c’est ce que nous voyons dans notre société dans les cas de maltraitance domestique).

 L’auteur du roman fait une différence entre les personnes qui font le mal pour leur propre profit, pour leur jouissance et ceux qui étant eux mêmes en grande souffrance, ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’ils font. Elle appelle cela l’ignorance et cela fait penser à ce que Jésus dit de l’intendant qui connaît la volonté de son maître et ne la suit pas et qui de ce fait sera d’avantage puni (coups de bâtons) que celui qui ne connaît pas ce que le maître attend de lui (Luc 12,47).

Jésus dans les évangiles ne donne pas d'explications à la question du mal. Quand on lui parle des galiléens mis à mort par Pilate, il répondra que ces hommes ne sont pas plus pécheurs que les autres (donc pas plus mauvais et par conséquence que ce qui leur est arrivé n’est pas une punition), mais que ceci doit pousser les spectateurs à se convertir, c’est à dire à changer. De même pour l’aveugle né, il dira que ni lui ni ses parents n’ont péché  (donc cela n’est pas la conséquence d’un acte mauvais) mais que cela va avoir un sens aujourd’hui pour ceux qui sont là (et aussi bien sûr pour celui que est guéri). Ce qui est certain c’est que Jésus ne fait pas de lien entre le mal qui arrive à quelqu’un et une faute commise (thématique chère aux amis de Job) et c'est déjà très important de comprendre que le malheur n'est pas une punition, mais il ne l’explique pas.

Il y a quand même une phrase un peu étrange prononcée par Jésus dans l’évangile de Mattieu (10,28): « Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt Celui qui peut perdre dans la Géhenne à la fois l’âme et le corps ».  Je crois que cela exprime une crainte très réelle, il y a des situations « infernales » dans lesquelles l’âme risque d’être détruite, déshumanisée aliénée. Elle ne sait plus qui elle est, elle risque de devient en quelque sorte la proie du Mal.

Les écrits de E.Hillesum, montrent qu’il est possible, du moins à certains, de refuser cela. Elle a refusé de se laisser détruire, elle a refusé le désespoir, elle a maintenu en elle la vie, et la vie avec un Dieu qu’elle voulait protéger, maintenir vivant. Il semble que ce soit le chemin car en faisant cela elle aimait à la fois ceux qu’elle rencontrait et le Dieu qui était au cœur de son cœur. Mais est-il possible pour tous ?

Résister à ce mal qui prend votre identité, qui vous réduit à l’état d’objet, ne pas plonger dans les ténèbres, c’est certainement ce qu’a fait Jésus à Gethsémani et sur la croix, mais sans que pour autant le Mal en tant que tel ne soit vaincu. Je veux dire que certes la mort a été vaincue puisque Jésus est le Vivant, mais à moins d’être aveugle, il est impossible de dire que nous vivons dans un monde où le Mal serait absent. Il s'agit d'un combat et le combat est actuel et de ce combat nous sommes parties prenantes comme le Christ l'a été. 

On dit encore souvent que la Mal a été vaincu par la croix. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de l’objet « croix » mais de bien autre chose. Bien sûr la croix c'est ce truc en bois sur lequel on mettait à mort par étouffement les malfaiteurs. elle a donc cette connotation d'objet de répulsion (une potence parle peut être mieux tellement nous sommes habitués à la représentation de la croix)qui devient objet de notre adoration puisque par la mort de l'un, la vie a été donnée à tous les autres. Mais je pense que la croix de Jésus c'est sa souffrance de ne pas avoir été entendu, d'avoir été abandonné par les siens (même si cela leur a permis de rester vivants , de recevoir l'Esprit et de devenir ses témoins) et surtout au delà même de la trahison de l'un de ses proches de n'avoir pas pu faire bouger ceux que Dieu avait choisi pour annoncer le salut à tous les peuples (message des prophètes).

La croix de jésus c'est son échec si l'on peut dire. Quand Il dit: si quelqu'un veut me suivre qu'il prenne sa croix, je pense que la croix dont il parle c'est la même chose que le grabat que le paralytique doit porter. Je veux dire que le grabat était le signe de la maladie, de sa paralysie et de la guérison. Prendre sa croix (c'est un geste actif qui s'oppose au passif de porter) c'est reconnaître sa fragilité, sa capacité à ne pas faire le bon, mais à ne pas se laisser écraser par la culpabilité; Jésus nous guérit de cela, de cette culpabilité qui paralyse, emprisonne et fait de nous des morts.

Je crois (ou j'imagine) que ce que vit  Jésus au jardin des oliviers c’est une vision du mal qui enserre tous les hommes et qui va provoquer chez lui cette compassion qui travaille au plus profond des entrailles jusqu’à les déchirer, et qui le met en  « agonie ». Que Jésus ait eu peur de ce qui l’attendait, oui, parce que pour devenir agissante cette passion devait aller jusqu’au bout, corps et âme, mais nous ne sommes pas absents de sa souffrance: je pense qu'il voyait bien au dela de sa mort à lui et que sa souffrance était sous-tendue par sa compassion pour nous. 

La résurrection nous permet d’entrevoir que désormais, en nous laissant aimer et en essayant d’aimer comme Il l’a montré, nous pourrons être vainqueurs du Mal (ce qui ne veut pas dire que le malheur nous sera épargné), que nous ne serons pas maîtrisé par cette force que nous subissons malgré nous. Elle ne nous détruira pas, elle ne tuera pas ce qui est de l’humain en nous.


Comme je le disais dans le début de ce billet, à condition de prendre une autre traduction, on trouve dans la première épître de Jean une réponse théologique (si l’on peut dire) à la question du mal la voici  (à condition d'entendre par "monde" le lieu où le Mal est présent en maître:

 1 Jn 5 : 4"parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde, et voici la victoire qui triomphe du monde : notre foi. 5Qui est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu" ?

En d'autres termes croire en Jésus comme le sauveur, le Fils de Dieu et apprendre chaque jour à aimer comme Lui a aimé, nous permet de vaincre les ténèbres dans lesquelles nous vivons même si nous ne le voyons pas (parce que la cécité c'est un peu notre lot), et donc de vaincre le mal. 


Savoir que Jésus est vainqueur des forces qui voulaient sa mort, savoir qu’il est tous les jours avec nous et qu’Il nous donne son Esprit peut nous permettre un jour après l’autre de résister à ces forces, qui pour moi sont autant en nous (cette bête tapie en nous qui nous convoite Gn4, 7) qu’à l’extérieur de nous . 



Alors que pouvons nous faire? Je dirai en utilisant cette définition du salut ( « En Christ, l´accomplissement du Salut réconcilie l´homme avec sa dignité première là où le péché l’en avait parfois écartée ») faire tout ce qui est possible pour chacun d'entre nous pour réconcilier l'homme avec sa dignité. 


mardi, novembre 27, 2012

"Dieu et sa cour".

Quand on lit le début du livre de Job (qui est un conte oriental très ancien) il est question des fils de Dieu qui viennent rencontrer  YHWH et du Satan qui vient avec eux.

Alors là, je trouve que Dieu pourrait quand même ne pas laisser rentrer n'importe qui, surtout que ce personnage en disant "je viens de parcourir la terre et de m'y promener" indique qu'Il est comme YHWH qui lui venait se "promener dans le jardin à la brise du soir" sauf que son terrain à lui (le Satan) est bien plus grand. Et ensuite c'est Dieu qui entame  la partie (qui ouvre le jeu si l'on peut dire) avec la question: "As tu vu mon serviteur Job?". Nous connaissons la suite. Job devenant un enjeu ce qui fait qu'il ne peut pas donner sens à ce qui lui arrive.

Donc je repose ma question: pourquoi Dieu laisse t il entrer n'importe qui chez lui? Il devrait comme un tout à chacun avoir des videurs.

Et ne peut-on pas imaginer un autre dialogue? Le Satan le mettant au défi d'envoyer quelqu'un capable de sortir l'humanité du mal dans laquelle il la maintient et Dieu répondant chiche? Mais ce que le Satan ne sait pas c'est que celui qui viendra ce sera Dieu lui même et que là ce sera à armes égales.  Et par la suite  l'humain comme Job pourra dire : "J'avais entendu parlé de Dieu, mais maintenant mes yeux l'ont vu" Jb 42,5

"Prendre racine".

Hier j'ai enlevé du lierre sur un mur et je n'aime pas cela, car le lierre avec ses petites vrilles certes recouvre, mais aussi attaque le support.



Et puis je me suis dit que pour quand une plante (ou un arbre au quoique ce soit de végétal) prenne   racine, il doit s'incruster dans le terre pour prendre ce qui est bon en elle et c'est ce qui permettra sa croissance et que d'une certaine manière il détruit quelque chose.

Déraciner un arbuste (et cela j'ai dû le faire plus d'une fois) n'est pas un mince travail. Il s'agrippe en quelque sorte à sa terre, il en fait presque partie.

Je pense ce matin que d'une certaine manière, je dois accepter d'être cette terre (peut être pas assez meuble et c'est là le problème) pour que d'autres puissent prendre racine en moi et accepter qu'ils prennent un peu de moi pour devenir ce qu'ils ont à devenir. C'est d'une certaine manière accepter une destruction.

Je sais que ce n'est pas une bonne image, car ce n'est pas en moi qu'ils s'enracinent, mais c'est peut être une toute petite parcelle qui pourra leur permettre de croître à un moment donné. Mais l'important c'est qu'ils puissent peut être à nouveau prendre racine dans une terre "favorable".

Quand Jésus dit que son corps est nourriture, peut être veut Il dire :" prenez de moi tout ce que je peux vous donner pour que vous croissiez, pour que vous deveniez qui vous devenez devenir et que à votre tour vous permettiez à d'autres de puiser en vous, même si vous devez perdre des petits morceaux de vous".


dimanche, novembre 18, 2012

"Pierre qui roule"

Il y a dans la bible deux histoires de pierres qui roulent ou qu'il faut rouler: celles qui servent à fermer un puits et celles qui servent à fermer un tombeau...

Le puits c'est la source d'eau.

Le tombeau c'est la mort.

Quand les femmes viennent au tombeau au petit matin et se demandent qui roulera la pierre, elles vont découvrir que le lieu de la mort est devenu lieu de la vie.

Je ne dirai pas que la mort est vaincue parce qu'elle est toujours là, mais que de la mort la vie peut jaillir et cela reste vrai chaque jour.

mercredi, novembre 14, 2012

"A propos des guérisons"


Jésus et les guérisons.

Après le billet que l’enfant épileptique, la question des guérisons par exorcisme a continué à me tarauder.

Je dois reconnaître que  considérer la maladie soit comme la conséquence de la présence en soi d’un esprit mauvais, soit comme liée au péché  (faute commise) par la personne ou par un ascendant (encore que l’on connaisse actuellement les conséquences des secrets de famille sur certaines maladies, et l’importance des disfonctionnements familiaux tant sur le psychisme que sur le somatique) est quand même quelque chose que me gêne, surtout quand je sais par ailleurs que la maladie est bien d’origine organique (lésion entre autre).

Alors ce billet est une réflexion un peu plus large sur ces guérisons rapportées dans les évangiles, guérisons qui prennent une grande place dans le début de la vie publique de Jésus, et qui ont contribué d’une certaine manière à sa perte (guérisons le jour du sabbat).

Parmi les guérisons, celle de la belle-mère de Pierre est une des premières. Jésus vient de choisir ses premiers disciples. Bien que ce soit un jour de sabbat, il a délivré un homme d’un esprit mauvais, puis il se rend dans la maison de Simon et d’André . où il apprend que la belle-mère de Pierre est malade. 
Suivant les évangiles il la prend par la main ou il interpelle la fièvre (comme si elle était une personne) et la fièvre la quitte.  Nous aujourd’hui dirions que la fièvre « tombe »  ce qui est un peu la même chose. Tout se passe comme si la fièvre était une mauvaise personne (personne que l'on n'avait pas  invité) qui était mise dehors, ce qui fait un peu penser à un exorcisme. On a d’ailleurs à peu près la même phrase dans l’épisode de la tempête apaisée, « il menaça » et le vent tomba (Mt8,23 Mc4,35 Lc8,22). Cet épisode ayant très tôt été interprété comme la manifestation de l’esprit du mal qui veut faire chavirer la barque qui représente l’église.

Assimiler les maladies ou les événements que l’on ne peut  maîtriser à la présence de forces mauvaises (même si un maladie ou une tempête sont « mauvais ») est pour moi difficile.

A quoi,  ou à qui doit-on attribuer les maladies qui nous atteignent, les infirmités qui nous frappent ? Dire qu’elles viennent de l’extérieur (un mauvais esprit) revient quand même à dire que l’on est coupable puisqu’on n’a pas été capable de lui résister. La confusion entre « pas capable »et« coupable » est hélas réelle. Par ailleurs nous sommes fragiles, et malgré tout ce que l’on écrit aujourd’hui sur une certaine toute puissance de la pensée sur le corps, tomber malade est le lot de chacun. Quant à naître avec une infirmité un handicap, qui aujourd’hui dirait que c’est lié à la faute des parents, encore que je connais une maman dont le petit garçon est venu au monde avec une grosse malformation de l’appareil urinaire et qui s’est entendue dire que c’était parce que qu’elle n’était pas mariée avec le père de l’enfant… Ceci se passe de tout commentaire.

On peut penser que certaines atteintes somatiques peuvent être la manifestation d’une atteinte psychique, (ne peut –on penser que si la belle-mère de Pierre est malade à ce moment là,  c’est parce qu’elle se fait un sang d’encre pour l’avenir de sa fille (la femme de Pierre). On peut imaginer l’inquiétude, le doute, la peur, sont comme des attaques de l’esprit mauvais (ne pas faire confiance)et permettent donc à la maladie d’entrer.

On peut considérer que la maladie comme liée à un mal-être psychique qui est entré en soi et qui a « contaminé »l’intime de soi et qui se manifeste par un dysfonctionnement somatique.
 Maintenant peut être que cette fièvre était tout à fait banale et que ce qui est rapporté c’est la sollicitude de Jésus (qui a pourtant eu une rude journée) pour cette personne.

Peut être faut il différencier les guérisons liées à des maladies telles que fièvres, perte de sang lèpres, (maladies qui peuvent aller jusqu’à la mort : fille de Jaïre, Lazare) de celles liées à des infirmités (cécité,  surdités, mutité, paralysies, atteintes cérébrales pouvant se traduire par des symptômes évocateurs d’une possession) qui semblent à cette époque là être considérées soit comme la conséquence d’un péché, soit comme une possession. 

En fait on ne sait pas grand chose des guérisons opérées par Jésus, on sait simplement « qu’Il les guérit tous » et parfois qu’on se serrait tellement autour de lui, que l’on pouvait plus bouger. On sait aussi « qu’une force sortait de lui ».

Les travaux en ethno psychiatrie nous ont permis de comprendre que pour être efficace, il faut employer un langage compris par les personnes qui viennent consulter. Il est possible alors que Jésus utilise le langage de son époque.  Dans la mesure où on lui dit : mon fils (ma fille est possédée par un démon qui …) Jésus si je puis dire s’adapte à la demande qui lui est faite (et peut être que cela est important aussi pour nous aujourd’hui : s’adapter à ce que l’autre pense, croit pour le faire ensuit évoluer, changer son regard, se convertir). Les apôtres par la suite utiliseront le « nom de Jésus » pour guérir et/ou chasser les esprits mauvais.

Si les auteurs des évangiles  insistent autant sur les démons chassés c’est que tout en s’appuyant sur les conceptions de l’époque, ils veulent certainement nous montrer quelque chose, puisque les évangiles sont une bonne nouvelle et qu’ils sont un catéchèse.  La bonne nouvelle (celle qui doit se répandre) c’est que Jésus est plus fort que le Malin, et qu’il guérit au nom de son Père. Il délie ce qui était lié, il rend vivant ce qui était mort. Il est plus fort que le démon qui a peur de lui. Il y a en lui une puissance surnaturelle qui est un don de Dieu.

Il d’ailleurs étonnant que l’évangéliste Jean ne rapporte pas d’exorcisme. Dans les récits de guérison, parfois Jésus pose un acte et l’accompagne d’une parole: il met de la boue sur les yeux de l’aveugle né et lui demande de se laver à la piscine de Siloé, il dit au paralytique de prendre son brancard et se lever ou il prononce une parole : ton fils est guéri (centurion), sors de ton tombeau (Lazare). Mais jamais il n’est question de dire que la maladie est l’œuvre du démon : « cette maladie est là pour l’œuvre de dieu puisse se manifester Jn 9,. Elle permet de comprendre la puissance de Dieu qui s’exerce en et par Jésus. Jésus est la lumière qui vient dans les ténèbres, qui lève les ténèbres et qui permet la vie donc la guérison.

On peut donc dire que les deux approches se complètent. Dans tous les cas il s’agit de montrer la divinité de Jésus dans son humanité et l’existence de ce lien entre lui et son père, lien  qui à la fois permet la guérison, mais qui en même temps révèle ce qu’est le Père.

L’avantage de voir les choses : ne pas oublier que l’évangile est d’abord et avant tout une bonne nouvelle qui nous montre qui est Jésus, permet de ne pas buter sur ces guérisons / exorcisme surtout quand nous savons que la pathologie est une pathologie lésionnelle, mais de voir en elles la puissance de la vie sur la mort. 

Je pense que pour moi, accepter de ne pas me focaliser sur mes connaissances, de ne pas les utiliser comme un frein,  devrait me permettre de  mieux appréhender la Vie qui est donnée.

vendredi, novembre 02, 2012

Les blancs dans les 3 premiers chapitres de la Genèse.


Genèse : les blancs

Quand on lit les évangiles, il arrive que parfois on se pose (ou que je me pose) des questions du type suivant  mais comment peut-on savoir ce qui s’est passé puisque Jésus était seul ? N’est ce pas ce qui se passe lors de la tentation après le baptême, ou de la nuit au jardin des oliviers ? Ne nous dit-on pas les disciples sont loin et que les apôtres choisis par Jésus dorment ? On peut juste imaginer qu’ils n’ont pas dû être très fiers d’entendre Jésus leur reprocher de ne pas avoir su veiller avec lui, mais pour le reste ? Et pourtant ce que vit Jésus est rapporté avec force détails. On peut penser que l’Esprit Saint a permis au rédacteur de combler le vide pour faire comprendre aux lecteurs ce que Jésus a ressenti et vécu (vrai homme) au moment de la passion, insister sur l’humanité de Jésus, sur sa peur, sur ce qui fait qu’il est semblable à nous. Il me semble qu’e l’on peut dire qu’il y a une révélation dans l’écriture de l’évangile (ou des évangiles).

Je crois que pour les juifs d’aujourd’hui, les blancs (de l’impression typographique) de la bible ont du sens. Or je me suis rendue compte (d’où le titre de ce billet) qu’il y a aussi un blanc considérable dans la bible, c’est tout ce qui concerne les récits de la création dans le livre de la Genèse. Comment les écrivains de ces textes sont ils pu savoir comment Dieu s’y est pris, puisque cela s’est fait sans témoin ? 
Nous sommes tellement habitués à ces textes que cela ne nous choque pas.

Dire que Moïse est l’auteur de tous les textes du Pentateuque résout le problème, parce qu’on peut bien imaginer que YHWH qui parlait à Moïse comme un ami parle à un ami, a bien pu au cours des longues soirées d’hiver, raconter plein de choses… Seulement l’hypothèse d’un Moïse rédigeant sous la dictée est mise à mal par les travaux des exégètes et puis dans ce cas là, pourquoi deux récits très différents l’un de l’autre ?

Alors comment comprendre ce qui nous est rapporté ? Comment remplir ce blanc, ces blancs. ? A la limite que nous disent-ils et qu’étaient ils censés dire aux lecteurs (ou aux auditeurs de ces écrits) au moment où ils ont été rédigés ?  Si on admet que la rédaction date de l’exil, période sombre puisqu’il n’y avait plus de royauté, plus de temple, on peut comprendre qu’il était impératif de fortifier le sentiment d’identité du peuple choisi et donc de réfléchir sur les origines. Ces textes répondent un peu à cela, puisque c’est le but de tout mythologie. Ces textes n’ont ils pas pour fonction de montrer que le Dieu d’Israël est un Dieu plus fort que tous les dieux assyriens (les mythologies sumériennes et babyloniennes devaient bien entendu être connues), et surtout que quelle soit la faute du peuple, Dieu ne coupe pas la relation.

Dans le premier récit, l’homme (le couple) est crée en dernier (sixième jour), donc il n’a rien pu voir. Dieu (Élohim)  lui donne la terre pour la dominer et y régner, puis Il disparaît. Alors comment peut-on savoir comment ce Dieu s’y est pris ? D’une certaine manière, beaucoup de réponses sont apportées par le livre de Job,(ou dans le livre des psaumes : psaume 103) chaque fois que l’écrivain fait parler Dieu. Mais là se pose la question de la révélation et du rôle de l’Esprit saint qui dévoile des choses sur l’action de Dieu, pour que le monde soit compréhensible pour l’humain. Et qui montre aussi que le Dieu des juifs, contrairement aux Dieux des babyloniens est un Dieu Unique, maître de l’Univers, capable de permettre au peuple de continuer à se multiplier et à dominer le monde dans lequel il est captif.

Il y a un El tout puissant, qui met en place tout ce qu’il faut pour que l’homme puisse vivre dans un milieu où tout le monde ne mange que de l’herbe, (pas d’agressivité, pas de mise à mort) et dans lequel tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. L’humain est dépositaire de ce monde et c’est peut être déjà cela qui est important. Mais il n’y a pas de relation entre l’homme et le dieu créateur. Dieu donne une terre « clé en mains ». L’homme y est tout puissant. Et Dieu se retire de la création (se repose). Par la suite, il sera demandé à l’humain de faire comme Dieu, de chômer tous les 6 jours. Apprendre à se limiter, apprendre à prendre le temps. Il est fort possible que pendant l’exil cette exigence ait dû poser question car un peuple réduit en esclavage doit obéir.

On peut supposer que ce récit qui finalement renvoie à la manière dont la terre était vue par les babylonien (galette plate sur des piliers, avec une voute percée de petits trous) va bien au delà de la mythologie babylonienne. La naissance de l’humain de fait dans la douceur, il n’est pas besoin du sang d’un Dieu pour créer l’homme (pourtant il faudra bien le sang de Jésus pour le »recréer ». Ce Dieu là, ce Dieu qui sépare, est un Dieu qui parce qu’il a crée l’homme à son image et à sa ressemblance lui donne tout et le laisse dans ce monde.

 Ce Dieu  qui se repose, qui est capable de mettre un terme à son travail, est bien un Dieu que l’on peut adorer, car il tout fait « bon ». Tout ce que dans la création voit l’homme, est là pour lui rappeler la présence de Dieu, il est donc dans un monde rempli de la présence. Et je pense que toutes les fêtes qui vont structurer le temps de l’israélite, sont là pour ne pas oublier une minute la présence du dieu de l’univers. Donc d’une certaine manière le blanc est rempli Il faut enfin noter que le Dieu d’Israël est un Dieu « universel », il n’y a pas d’autres Dieux que Lui, pas de Dieu de la mer, pas de dieu du ciel, non Il est le Tout Puissant. En cela l’auteur répond donc au questionnement des exilés.
  
Dans le second récit qui est très différent, d’une certaine manière la création passe au second plan et c’est la relation qui est première et c’est peut être cela l’important. Car la suite de la Genèse  (meurtre de Caïn, Noé, puis Abraham) est dans le droit fil du second récit, pas du premier.

Ce récit répond à d’autres questions que peuvent se poser les exilés : à savoir pourquoi en est –on là aujourd’hui ? La réponse étant : tu ne m’as pas obéi, tu t’es laissé tenté, mais Moi ton Dieu, Je reste là, Je continue à être là, car tu as une autre fonction : faire connaître mon nom à toute la terre (et c’est ce qui est dit à la fin de la généalogie d’Adam et de sa descendance : et le nom de YHWH commença à être connu sur la terre).

Si dans le premier récit, il est dit que la terre était déserte et vide, l’Esprit de Dieu planant sur les eaux, ici, il est question d’une terre aride qui ne produit rien (pas le monde végétal) et cependant est cependant envahie par un flux qui irriguait la terre. Je ne sais pas si Dieu a trouvé de la poussière, mais certainement de la boue…

Là, il y a un monde aride, un homme modelé, la création du monde végétal,(donc du jardin) la création du monde animal (trouver une aide pour l'homme) et la fin de la création de l'humain (création de la femme). On est dans registre beaucoup plus utilitaire, qui renvoie un peu à la mythologie sumérienne où l'homme est crée pour éviter aux Dieux (qui jusque là avaient du travailler la terre pour la rendre habitable) de se fatiguer. Cet homme là n'a d'ailleurs que peu d'importance au regard des Dieux car le jour où il cassera les oreilles du collège divin, il sera éliminé (déluge). 

L’homme modelé par Dieu semble être la première œuvre de Dieu, mais il n’est pas dit que Dieu trouva  cela bon et manifestement l’homme est mis en comme en attente. Il faut que Dieu mette la végétation en route pour que le jardin soit créé et pour que l’homme ait un rôle : servir et garder le jardin. Le fait qu’un interdit lui soit donné, est aussi très différent de ce qui se passe dans le premier récit qui certes se termine par le repos de Dieu, mais sans que le Shabbat soit institué.

Cet interdit « fondateur » montre la fragilité de l’humain et l’importance de la convoitise qui est en lui et qui doit être freinée pour que la vie soit possible. D’une certaine manière la fragilité de l’homme est déjà là en filigrane.

Si les animaux sont crées et si l’homme crie leur nom, c’est parce qu’il demande de l’aide. Personne ne nous dit si Dieu crée les animaux comme il a crée l’homme : en modelant la terre. Le Glébeux qui crie de noms, est comme dans le premier récit « maître » du monde animal, car donner un nom c’est en quelque sorte être le maître. C’est la constatation que l’homme ne peut trouver en l’animal un alter ego qui permet la conception de la femme, qu’il ne peut voir puisqu’il est plongé dans une torpeur (anesthésie). On peut au passage noter que la femme ne recevra son nom qu’après le travail de sape du serpent, quand Dieu a mis tout le monde dehors, et que ce nom est signifiant de la vie qui continue envers et contre tout.

Mais surtout ce récit, montre que Dieu même s’il met dehors, ne se ferme pas les yeux sur ce qui se passe dans ce couple. Il reste présent, il prévient même, et ce Dieu là  qui parle à l’homme (ne préviendra t il pas Abraham de la destruction de Sodome) continue et continuera à parler au peuple exilé et les promesses faites autrefois il les tiendra.

Alors finalement ces deux récits où l’on ne sait pas comment Dieu s’y est pris, sont là pour monter autre chose : la puissance  et la relation et c’est peut être cela l’important. 

jeudi, novembre 01, 2012

Prenez et mangez...


Prenez et mangez, ceci est….

L’épitre aux éphésien (et d’autres d’ailleurs) parle de l’église (l’ensemble des personnes qui croient que Jésus est vivant aujourd’hui) comme d’un corps. Or je me disais qu’un corps, pour vivre doit recevoir une alimentation.

L’alimentation de l’église (assemblée), on peut dire qu’elle se fait autour la parole (l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu), mais aussi de quelque chose de plus « tangible » car nous sommes des humains, immergés dans le réel. Ce plus tangible, c’est ce qui a été donné le soir du jeudi saint.: ceci est mon corps, ceci est mon sang.

Le rituel de la Pâques juive, autour de l’Agneau Pascal, permettait à la famille qui célébrait cela, de rappeler la sortie d’Egypte, comment le sang de l’Agneau avait permis la vie de la famille (pas de mort du premier né) et la libération. Du coup ce repas redonnait force et vigueur aux participants.

 Je pense que quand Jésus parle de sa chair et de son sang, il veut dire qu’il donne tout, qu’il se donne complètement, qu’il ne garde rien par devers lui, (ce que nous faisons tous que nous le voulions ou non), et qu’il s’identifie à l’Agneau Pascal. 

Quand nous sommes nourris par Celui là, alors certes il y a quelque chose pour nous (on insiste peut être trop là dessus dans l’église catholique : recevoir son petit Jésus) mais quelque chose qui fait que l’assemblée qui est là, prend corps, prend du corps (comme un vin) et devient à son tout agneau pascal, c’est à dire, don.

Je peux aussi imaginer que le remplacement de l’agneau pascal qui devait être immolé au temple de Jérusalem par du pain et du vin, espèces que tout un chacun peut avoir chez lui, montre bien que l’ancienne alliance qui passait par le Temple est révolue. Et cela me semble très important. Le repas qui fondait d’une certaine manière Israël est étendu au monde et Paul ne s’y est pas trompé.

Peut être est important de passer de l’individuel (moi je…) au collectif : nous sommes le corps du Christ et comme tel nous avons à passer par une certaine mort pour ressusciter comme Lui, mais tous ensemble.

mardi, octobre 16, 2012

L'homme riche: Marc 10, 17- 27

Nous avons eu hier un "partage" autour de ce texte que je reproduis ici dans la traduction "liturgique". Nous étions 6 à essayer de dire ce que ce texte nous disait. Le célébrant avait centré sur "l'appel", mais nous sommes partis ailleurs.

Comme souvent, je risque de proposer une lecture au premier degré, mais nous sommes parfois tellement habitués à lire ces textes que nous le les voyons plus, nous les entendons plus, je veux dire que nous les regardons sans les voir, que nous les écoutons dans les entendre...

Voici le texte:


Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Personne n'est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »
L'homme répondit : « Maître, j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. »
Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l'aimer. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.

Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d'entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »

De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »


Si on se remet dans le contexte, on est quand même au chapitre 10 de cet évangile qui n'en comporte que 16, on sait que Jésus a été en Judée, puis de l'autre côté du Jourdain, qu'il a enseigné, qu'il a eu un conflit avec les pharisiens (la question du divorce) puis un autre avec ses disciples (bénir les petits enfants) et que c'est ensuite qu'il se met en route, certainement pour Jérusalem (cf verset 32).

On ne peut donc pas dire que le climat soit idyllique. Et voilà qu'arrive un homme qui sort de nulle part, qui se met à genoux (moi je me le représente d'avantage comme ces petits enfants qui s'accrochent à la jambe d'un adulte pour l'empêcher de partit) et qui lui pose une question au niveau certes spirituel mais qui renvoie à l'avoir: "que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage". Oui cette question est importante, mais manifestement elle tombe mal. Le moins que l'on puisse dire c'est que Jésus d'une part le reprend sur le "bon maître" ce qui est étonnant car n'est-il pas le Fils de de Dieu qui est "bon", et le renvoie d'une certaine manière dans ses buts: tu connais les commandements... A la limite, pas d'histoires avec de type qui le retarde.

On retrouve là un peu le Jésus de Cana ou le Jésus avec la femme syro-phénicienne, un Jésus très humain qui ne répond pas à la demande.

Et puis quelque chose se passe, Jésus le regarde (comme si jusque là, certes il le voyait, mais il voyait comme un inopportun) et dans cet homme il voit autre chose, il voit que cette demande d'avoir en héritage la vie éternelle est quelque chose d'important. Or aux yeux de tous, cet homme qui est un homme riche, donc "béni" de Dieu ne devrait pas se poser ce genre de questions... Et non seulement Jésus le regarde, mais il l'aime et il lui "donne" la parole nécessaire à son salut: "va, vends tout ce que tu as, donnes le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens et suis moi".

Quand nous entendons cela, nous avons l'impression que Jésus demande quelque chose d'immédiat, or pour moi ce n'est pas certain. Il y a toute une progression que l'homme (et là peut être sommes nous tous concernés), est appelé à faire. J'imagine mal qu'un homme "riche" puisse disposer de son argent sans respecter certaines règles.  Il lui est demandé de se dessaisir de cet argent, et peut être que sur le plan symbolique pour nous c'est une étape. Accepter de se laisser déposséder, de faire du vide.

La deuxième étape est de donner aux pauvres, (ouvrir les yeux sur ceux qui sont dans le besoin mais là on peut parfois dépasser le matériel) et se souvenir que les pauvres c'est nous aussi...

Puis quand on est un peu désencombré, alors on peut passer de l'avoir à l'être, et c'est la dernière étape proposée: "suis moi" ce qui peut aussi vouloir dire, accepte d'être désormais rempli par moi, accepte que je sois ta source, ta nourriture.

La description de ce qui se passe pour l'homme: qui devient tout sombre (on imagine un visage lumineux parce que Jésus a écouté ce qu'il avait à demander et qui se modifie totalement) et qui s'en va "tout triste" parce qu'il se sent incapable de faire ce qui lui est demandé, décrit peut être aussi ce qui se passe pour nous, quand on a l'impression que "trop c'est trop" et que vraiment ce Seigneur là, il exagère.

Certains pensent qu'un travail a pu se faire chez cet homme et que rien ne dit qu'il n'a pas suivi Jésus, autrement et après la mort de Celui-ci.

Pour ma part, je pense qu'on n'a pas à juger le chemin des uns et des autres. Il n'était pas prêt à ce moment. Bon et alors...

Et puis si on prend la suite du texte, je me demande si la tristesse de l'homme ne déteint pas sur Jésus, car on sent bien que lui aussi est déçu, lui qui est venu pour le salut de tous, qu'ils soient pauvres ou riches, qu'ils soient nantis ou démunis.

Dans notre groupe il y avait une personne qui est dans une association qui essaye d'aider les "Roms" de notre département.  Elle nous faisait remarquer que l'appel de Jésus s'adresse à tout le monde, mais comment font ceux qui n'ont rien à eux, du moins au niveau matériel.

Alors je me disais que ce serait bien de penser à dire merci simplement parce que nous avons ce qu'il faut pour ne pas être à la rue.

samedi, septembre 29, 2012

La guérison de l'enfant épileptique Marc 9, 14-21


L’enfant épileptique Marc 9, 14-21




C’est un texte qui m’a toujours interpellée, d’autant que dans l’évangile de Matthieu le verset 21 du chapitre 17, (même s’il s’agit d’un ajout)  « cette sorte de démon ne se chasse que par le jeûne et la prière »qui ne figure pas dans toutes les traductions montre la difficulté d’expulser un tel démon (ou de guérir une telle maladie qui est quand même une maladie lésionnelle du cerveau).

Qu’est ce que Jésus reproche à ses disciples outre le manque de foi ? De ne pas avoir les bonnes armes pour lutter contre le mal. Peut –être me faudra t il revenir la dessus un jour prochain.

Dans l’évangile de Marc, la guérison de l’enfant « possédé par un démon » ou de l’enfant épileptique, suit immédiatement la transfiguration (chapitre 9). 

On sait simplement que les disciples n’ont pas réussi à guérir l’enfant, que tout cela fait un certain raffut puisque il y a comme un attroupement autour des disciples et que l’arrivée de Jésus surprend tout le monde, comme l’arrivée jadis de Moïse au milieu du peuple qui fait la fête autour du veau d’or a crée un certain froid si l’on peut dire! Ce miracle permet il de comprendre aux disciples que Jésus a pris avec Lui, qu’Il est le nouveau Moïse, le nouvel Elie ?  

On sait aussi que le père n’est pas content. Vient alors une description de la pathologie de l’enfant. Puis suivant les traductions Jésus demande qu’ on lui « apporte » l’enfant ou qu’on lui « amène » l’enfant, termes qui me choquent un peu, parce que je trouve que cela chosifie l’enfant, mais n’est ce pas souvent ce qui arrive aux enfants qui ne parlent pas. Et peut être que le miracle sera de rendre à cet enfant sa place de « sujet », sujet parlant. N’est-il pas déjà mort cet enfant qui ne parle pas, qui marche mal et qui n’entend pas ?

Beaucoup ont écrit sur la relation du père et du fils, comme si l’acte de foi (parole) du père en coupant une relation pathologique entre eux, permettait la guérison. Le fait que le père puisse dire : « je crois mais viens en aide à mon manque de foi », parole vraie, rendrait en quelque sorte la parole au fils, mais je dois reconnaître que j’ai souvent du mal avec une trop grande psychologisation de l’évangile, d’autant que d’après mon expérience quand on a un fils handicapé c’est plutôt avec la mère que les choses se nouent parfois de manière qui semble pathologique.

Ce qui est rapporté de cet enfant  c’est que depuis sa naissance il est muet, qu’il est peut être sourd puisque à cette époque les deux pathologies étaient à tort associées, qu’il tombe n’importe où, (dans le feu ou dans l’eau) c’est à dire que la marche n’est pas bonne et donc qu’il a des troubles de l’équilibre. Le raidissement, la salive qui coule, les tremblements ; au moment de la guérison sont évocateurs d’une crise de grand mal, crise impressionnante s’il s’en faut.

En  termes aujourd’hui on dirait : mon fils a des troubles neurologiques importants; il ne parle pas, on pense qu’il est sourd, il est différent des autres, il fait des crises, et quand il fait ses crises on  ne sait pas où il est: on perd le contact avec lui, il ne nous entend pas, il ne nous répond pas. On a peur pour lui parce qu’il se fait du mal à lui même : il a failli se noyer, failli se brûler, il a des troubles de l’équilibre, il marche mal. On pourrait presque dire puisque cela date depuis la naissance qu’il est  « polyhandicapé ».
Il n’est pas étonnant que les disciples n’aient rien pu faire, car ces enfants là, ces enfants avec lesquels il n’y a pas de contact font peur, et quand peur il y a, la guérison n’est pas possible.

Si les évangélistes insistent souvent sur la nécessité de la foi pour celui qui demande un miracle, il est intéressant de noter (en tous les cas dans le parallèle de Matthieu) que le foi est aussi nécessaire à celui qui provoque la guérison par le nom de Jésus.

Quant à une crise de « grand mal », pour en avoir vu, c’est effrayant. Cela fait peur pour ceux qui y assistent. Effectivement on peut penser qu’il y a possession car l’enfant n’est plus là, qu’il tombe, qu’il urine sous lui, tremble. Il est pris par quelque chose qu’il est presque impossible de stopper, même si parfois on le peut dès que l’on voit les prémices de la crise. Les mots de Jésus sont des mots forts : sors de cet enfant… Sous entendu tu es entré en lui, tu en as fait ta chose, maintenant, moi je lui rends la vie.

La réaction de l’enfant est étonnante (il tombe au sol et était comme mort) me fait penser à une phrase de Freud concernant l’homme aux Loups : « J'eus alors la satisfaction de voir s'évanouir ses doutes, lorsque l'intestin, tel un organe hystériquement affecté, commença à se « mêler à la conversation pendant notre travail, et eut recouvré en quelques semaines sa fonction normale si longtemps entravée ». C'est à dire qu’il y a comme un ultime combat, une ultime résistance dont l’analyste sort vainqueur par la puissance de la parole. 

On pourrait dire que la force du son de la parole de Jésus qui ordonne (puisqu’on sait que les bruits peuvent provoquer des crises de grand mal) provoque la dernière crise. L’enfant est comme mort, on pourrait presque dire que l’enfant « ancien » l’enfant « malade » reste là, couché sur le sol et que l’enfant « nouveau », l’enfant « ressuscité » va se lever.

Que l’enfant puisse se lever et marcher est bien pour moi signe de guérison. Je sais à quel point une crise de grand mal fatigue. La personne doit être aidée pour se lever, souvent il faut la porter, marcher lui est très difficile.

Cette guérison me sidère, car il y a lésion du cerveau et réparer cela, c’est pour moi finalement aussi fort que la résurrection de la fille de Jaïre (Mc5, 21). D’ailleurs la demande de Jésus « donnez lui à manger » m’a fait poser la question d’une anorexie qui serait un refus chez cette fille de 12 ans, donc en âge d’être mariée, de l’avenir qui l’attend.

C’est peut être pour cela que Jésus reproche le manque de foi, manque de foi des disciples paralysés par la peur, manque de foi du père qui sait bien qu’il demande l’impossible

Il est certain que vu de l’extérieur, cet enfant est pris par quelque chose (ou quelqu’un qui le manipule et qui lui veut du mal (un peu comme l’homme geradséen qui se blesse lui même).
Que Jésus dise « démon sourd et muet sors de cet enfant » montre qu’il s’agit de débloquer quelque chose. Cela fait un peu penser à ces sources qui ne coulent plus parce qu’elles sont obstruées par quelque chose.

Jésus a la puissance de faire cela, de débloquer ce qui est bloqué depuis la naissance (certainement prématurée), de rétablir une intégrité somatique et pour moi, cette guérison est naissance.

Alors il est possible de voir en Celui qui vient d’être reconnu au début du chapitre 9 comme le « Fils bien aimé » Celui qui donne la vie à cet enfant malade et qui par sa mort (annoncée dans les versets suivants) donnera une autre vie à tous ceux qui se reconnaissent enchaînés, pris, abaissés, sans paroles.