mercredi, décembre 23, 2015

I comme incarnation (temps de Noël).

Petites réflexions...

C’est le temps de l’Avent, c’est le temps d’une attente, c’est le temps d’une naissance, mais c’est aussi une remémoration: un jour du temps, un Dieu, notre Dieu a décidé de prendre chair.

On parle parfois d’ongle incarné. Un ongle incarné, c’est un ongle qui s’enfouie dans la chair, qui rentre dedans et qui en quelque sorte fait un avec elle. Pour moi, l’incarnation c’est cela. C’est Dieu qui décide de faire un avec l’humain, de s’enfouir en lui de s’enraciner en lui. 

Il ne s’agit pas de ces caprices des dieux de l’olympe, où Jupiter, s’éprend de telle ou telle jolie femme pour mettre en elle sa semence et créer un demi dieu. Non c’est bien autre chose, car ce n’est pas une impulsion, c’est une décision qui prend date.

On dit parfois que l’homme croyant vit avec une ancre qui est dans le ciel (il faudrait définir cela), mais l’idée est qu’il y a un ancrage qui le tire vers le haut, vers le Dieu en qui il essaye de croire bon an, mal an. Et là c’est un peu l’inverse, c’est un dieu qui prend encrage vers le bas, vers cet homme capable de toutes les méchancetés mais aussi du meilleur, parce que même si cela existe chez les animaux, la capacité de l’humain a se sacrifier pour ses petits, ou pour les autres est quand même une des caractéristiques de ce que nous sommes.


Par ailleurs si on prend les généalogies de Jésus, celle de Matthieu qui va jusqu’à Adam, montre (enfin me montre) que Dieu a toujours su que par lui-même l’homme, du fait de la violence qui est en lui et qui est inhérente à sa survie sur la terre, est incapable, même s’il y a du bon en lui d’arriver laisser vivre en lui le bon (tov de la genèse). Il ne s’agit pas de se sauver de la colère d’un Dieu qui ne supporterait pas que sa créature soit dans l’orgueil et la désobéissance, mais de cette incapacité radicale à faire ce qui est bon pour entrer dans le projet de Dieu sur l’homme. Alors pour pallier cela, depuis toujours (en en cela on peut parler de l’omniscience de Dieu), il est prévu qu’un jour Dieu prendra racine dans l’humain pour le conduire à lui. Que cela soit gagné, non, mais que cela soit possible oui. 

mercredi, décembre 02, 2015

"Vous êtes le corps du Christ; vous êtes ses membres" Ep 5, 30



Les représentations de Jésus en croix sont très certainement des icônes qui masquent une réalité qui serait insupportable. Elles permettent non pas de s'identifier à celui qui est suivant la représentation soit en train de mourir soit  déjà mort, mais de regarder ce qui s'est passé un jour du temps et qui pour moi, parce que la mort a été une fois vaincue, est le signe d'un futur ou le mal sera détruit. La christ de San Damiano est bien dans cette optique.

Il y a bien des années, alors que j'accompagnais mon mari (je dis bien accompagner) à la messe pendant les vacances, j'avais été mise très mal à l'aise par un Christ en croix au corps torturé, qui me faisait penser à celui des jeunes adultes infirmes moteur cérébraux qui étaient porteurs de scoliose déformante, qui étaient pour moi des tortures qui duraient pendant des années. Et en voyant ce Christ torturé, je me disais qui Lui, ça n'avait duré que quelques heures alors que le David auquel je pensais, ça avait duré 20 ans. Mais même si pour Jésus la durée semble relativement courte, les comparaisons n'ont pas beaucoup de sens.

Si dans nos églises, il y'a toujours une croix dressée soit à coté de l'autel ou au dessus de celui ci, ce n'est pas pour rien, mais peut être il y a t il Christ et Christ, Croix et Croix.

Dans la nouvelle église qui va être officiellement inaugurée (dédicace) au service en février prochain, il y a eu la bénédiction de cloches qui seront mises en place dans quelque temps, donc une cérémonie avec l'évêque (grand manteau doré, immense bâton en bois, mitre, bref symboles qui me semblent en décalage complet avec ce dont notre monde a besoin) et la mise en place d'un certain nombre des statues dont ce Christ qui est loin d'être en majesté.



 Que ce Christ soit en bois noir, je veux bien. Qu'il n'aie pas de croix pourquoi pas (sauf si cela est du à la forme du billot de bois d'où cette statue a été tirée), mais qu'il n'aie pas de bras, pas de pieds, des jambes parfaitement dissymétriques, là, je crois que pour le moment je ne peux pas.

Pour faire passer la pilule, on nous a dit que nous peuple, nous étions les membres de son corps et son coeur, mais cela me parait un peu facile.

Professionnellement j'ai travaillé avec des jeunes,  amputés des membres supérieurs ou inférieurs  à cause du cancer des os. On appelle cela une désarticulation. Bien sur on peut appareiller et je suppose que de gros progrès ont été fait, seulement quand moi je vois ce Christ sans croix et désarticulé, je ne peux pas.. Parce que tous ces jeunes sont morts, fauchés par la maladie, qu'ils n'ont pas eu leur compte te vie, comme le chantait le Père Duval.

Pourquoi nous présenter un Christ si peu conforme malgré tout à l'écriture (pas un des ses os ne sera brisé), pourquoi l'absence de pieds et de mains (venez à moi vous tous et je vous soulagerai). Pardonnez moi la comparaison, mais pourquoi ce Christ Thalidomide (ces enfants nés sans membres dans les années 1960 parce que leurs mamans avaient pris des médicaments contre la nausée)?

Que la croix manque,  cela ne me dérange pas outre mesure (texte trouvé sur un blog pour l'exaltation de la Sainte Croix):

 "Le Christ cloué sur la croix adhère à la matière qu’il fait sienne et la transforme en pont vers le ciel. Ses bras ouverts embrassent la création, ce sont les bras du Père qui nous embrassent et qui nous attirent à Lui.
En contemplant le Christ je ne vois plus la croix qu’Il a complètement assimilée dans son corps dans la lumière de sa résurrection. L’image qui me vient c’est celle de l’immense statue du Christ rédempteur  qui domine Rio sur le mont Corcovado.
Le Christ en croix ce n’est pas un homme agonisant submergé et étouffé par la souffrance mais le Christ ressuscité qui ouvre ses bras dans une attitude d’accueil".

Mais ce Christ là, oui il me pose question.

Quand on nous dit: il n'y a pas de membres parce que vous, vous êtes le corps de Christ et bien je trouve qu'on se moque de nous, que c'est tiré par les cheveux, parce que le corps du Christ dont nous faisons partie ou dont nous ferons partie c'est ce corps du ressuscité. C'est parce que nous aimons un peu que nous faisons partie de cet amour qui a donné sa vie.`C'est quand nous aimons que nous devenons un peu Lui ou que Lui devient un peu nous (moi) parce que je le laisse faire en moi sa demeure.

Je crois que cette représentation c'est celle de l'homme, de l'homme d'aujourd'hui, et nous avons à nous battre pour que cet homme qui n'a pas de bras, pas de tête, pas de pieds puisse vivre tel qu'il est, dans ce monde qui est le notre, nous avons à en prendre soin, à l'aimer même s'il fait peur. C'est une représentation violente.

Qu'en penserons ceux qui pousseront la porte de cette église? Quelle image auront ils d'un Dieu qui se dit amour? Seront ils attirés par celui qui disait quand "je serait élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi"? Je le souhaite...

Je crois que ce Christ en fait c'est bien l'homme, l'homme malade qui n'a pas de bras pour entourer, qui n'a plus de pied pour s'appuyer sur un monde de violence, et qui est pauvre, démuni, dépendant, et cet homme c'est moi.

On nous a dit qu'il y aurait un émail représentant la résurrection, la couleur s'opposant à la noirceur, la lumière s'opposant aux ténèbres, est ce que cela sera suffisant?


samedi, octobre 03, 2015

"Tendresse ou miséricorde"

Je me suis surprise il y a un jour ou deux à réciter le psaume 51 le miserere en disant:

"Pitié pour moi Seigneur en ta bonté, en ta tendresse efface mon péché.
lave moi de toute malice et de ma faute Seigneur purifie moi."

Je suppose que cette traduction date des années 1960 (Gélineau) et que j'ai toujours eu du mal avec le mot malice que j'avais tendance à scinder en deux: ma lice, ce qui ne voulait rien dire mais m'amusait, saut que la lice est quand même un lieu de combat.

Du coup je me suis interrogée sur la traduction utilisée aujourd'hui, qui me semble t il remplace tendresse par miséricorde, ce qui est cohérent avec l'hébreu (Chouraqui) "selon la multiplicité de tes matrices, efface mon péché "(matrice, entrailles, miséricorde) et du latin. Seulement aujourd'hui on insiste sans arrêt sur la miséricorde de Dieu au détriment me semble t il de sa tendresse et la vision sous-jacente est très très différente.

Peut être que dans les années 60, ces années de concile, on essayait de montrer au bon peuple, que Dieu n'était pas celui dont il fallait apaiser le courroux, mais un Dieu présent, un Dieu rempli de tendresse, plein d"amour et qui ne se détourne pas du pécheur. La miséricorde, même si le résultat est le même, renvoie à une autre représentation de Dieu, qui de mon point de vue, insiste sur la condition mauvaise de l'homme, plus que sur le fait que l'important c'est que l'homme tourne son regard et ses bras vers Dieu qui est déjà là.

Je me suis d'ailleurs demandé si l'on peut dire que durant sa vie terrestre Jésus a été un tendre. Spontanément je dirai non, mais dans notre logique, un père ou une mère sont tendres, ou peuvent l'être, un frère ne l'est que rarement. Je ne dis pas que son regard n'a pas été rempli de tendresse, mais souvent ses paroles sondes paroles bien rudes. Dire au jeune homme "riche", vends tout ce que tu as, n'est pas tendre..

Mais avant de revenir sur ces deux notions: tendresse et compassion, je pense qu'il faut faire un détour par le psaume, le remettre dans son contexte et peut être le sortir de son appellation latine"miserere" et voir ce qu'il peut me dire aujourd'hui.

La première phrase du psaume dit: De David, quand Nathan vint à lui, alors qu'il était allé vers Bethsabée. Or plus précisément Nathan vient vers lui après la naissance du du fils né de cet adultère. Car jusque là pour David tout baigne: le mari est mort et la femme lui a donné un fils, alors David doit penser que Dieu est avec lui. Et bien non..Dieu n'est pas aveugle, Dieu sait ce qui se passe, Dieu sanctionne, Dieu punit.. et pourtant Dieu peut se laisser attendrir.

Si on reprend l'histoire dans le deuxième livre de Samuel, les chapitres 11 et 12 le moins que l'on puisse dire c'est que le fait d'être roi permet de faire tout ce dont on a envie. On prend la femme d'un autre, donc adultère, (la femme lui plait, elle est belle, il la veut, il l'a fait venir au palais) et on s'arrange pour faire disparaitre le mari (et là on a les mains propres parce qu'on s'arrange pour faire faire le sale travail par un autre) ce qui permet à la fois de se débarrasser d'un empêcheur de tourner en rond, puisque le mari trompé refuse de coucher avec sa femme ce qui aurait permis de lui mettre la grossesse de cette dernière sur le dos, mais aussi et surtout d'un homme qui va pouvoir en toute bonne foi l'accuser d'adultère, ce qui normalement veut dire mort par lapidation ce qui est loin d'être une mort estimable pour un roi.


 Il faut que Nathan le prophète lui raconte sa petite histoire (chapitre 12), de l'homme riche qui va piquer l'agnelle de l'homme pauvre pour la donner à manger à un voyageur pour que David s'émeuve, et se rendant compte que c'est ce qu'il a fait. Du coup il prend conscience non plus de sa faute (parce que en tant que roi, tout lui est permis) mais de son péché, ce qui finalement est autre chose. David a suivi son bon plaisir et a complètement oublié la Loi. Il s'est fait sa loi et là, en mettant en quelque sorte Dieu à la porte de son intérieur, il est dans le péché. Il faut dire que la sanction est rude, puisqu'on lui annonce non pas la fin de sa royauté, mais l'annonce de luttes intestines entre lui et ses descendants et entre les descendants eux mêmes.

Ce qui est très étonnant c'est que la simple phrase de David: "j'ai péché contre Yahvé " qui est presque la phrase prononcée par le fils prodigue (J'ai péché contre le ciel et contre toi), entraine le pardon de David, sauf qu'il faut quand même que la justice soit rendue, et ce n'est pas le père qui trinquera mais le fils (ce qui parait injuste) sauf que cela permet la naissance de Salomon qui lui n'est pas conçu dans le péché et donne un éclairage instructif pour les générations à venir. Certes David est l'élu, David est choisi, donc Dien ne peut pas se desengager vis à vis de lui, mais le péché qu'il a commis a des conséquences importantes: naissance de Salomon, division du royaume, exil. Il est évident que je pense que l'exil aurait eu lieu de toutes les manières parce que l'histoire est l'histoire, mais elle prend un autre sens.

Maintenant si on reprend à la lumière de ce récit le psaume lui même, on se rend compte (enfin je me rends compte) que si le début et la fin sont remplis de très belles choses (d'un coeur brisé, broyé tu n'as point de mépris 51,19) on a l'impression d'un mélange. La dernière phrase: rebâtis les remparts de Jérusalem ne peut avoir été écrite par David, même si on voit en lui un prophète.

Ce qui est quand même important c'est que le fait de reconnaître son péché (même si ce n'est pas totalement de sa faute, puisque l'auteur écrit: vois mauvais je suis né, pécheur ma mère m'a connu), permet d'obtenir de Dieu des gestes de purification qui vont le sortir de cet espèce d'abime dans lequel le péché l'a fait basculer et lui permettre un fois pardonné de se faire le chantre de Dieu parmi les frères.

Ce qui me parait important dans ce psaume c'est le dialogue entre l'auteur et son Dieu.

- Dans la première strophe, il y a une demande: je suis pécheur, je le reconnais, et je te demande de me rendre "propre" de me guérir de ma lèpre, de mon impureté.

- Dans les deuxième est troisièmes strophes, l'auteur dit reconnaître son péché (pas nommé, mais si c'est David qui est censé parler), plaide les circonstances atténuantes (pas de ma faute, parce que je porte en moi une tendance à la faiblesse depuis toujours), et reconnait que ce qui lui est arrive est expression de la "justice " de  Dieu.

-La quatrième strophe, semble montrer que si le pécheur se reconnait tel quel, alors le dialogue entre lui et Dieu reprend (et c'est peut être cela l'important), et que une fois le dialogue repris, Dieu purifie comme on le faisait à l'époque ( avec un bain).

-Les strophes suivantes,(strophes cinq, six) sont des demandes pleines de confiance: effacer le mal, rendre la joie (perdue certainement après la mort de ce fils), restaurer le corps malade, reprendre sa place auprès de Dieu, et surtout conserver en soi l'esprit divin.

Il me semble que le psaume bascule à partir du verset 14. Il s'agit en quelque sorte de tirer partie de ce qui est arrivé pour pouvoir rendre témoignage devant les frères de ce que Dieu a fait  et de l'enseigner. Celui qui a été sauvé devient le sauveur de ses frères (c'est ce que l'on dit de Matthieu qui est appelé et sauvé par Jésus, mais qui en invitant largement chez lui, devient le sauveur de ses frères). Il s'agit de témoigner mais aussi d'affirmer et cela c'est important pour nous que ce que Dieu désire ce ne sont pas holocaustes, mais une attitude du coeur.

La finale du psaume qui parle de Sion qui a été détruite, montre soit une vision prophétique de David (pourquoi pas) mais peut être que quelqu'un a repris ce psaume au moment de l'exil pour montrer que Dieu reste fidèle, qu'il respectera ses promesses si le peuple reconnait son péché et se tourne vers lui.

Je ne suis pas sûre de trouver mon compte (c'est à dire de me sentir complètement en phase avec ce psaume), mais ce qu'il décrit de la relation entre l'homme et son dieu, revoit peut être plus à la tendresse qu'à la miséricorde. Le psalmiste a confiance, il -sait que son péché peut être effacé et finalement il ne fait pas grand chose pour ça. il se tourne juste vers Dieu, il lui parle, et il sait qu'il sera écouté et cela pour moi c'est la tendresse de Dieu et non sa miséricorde, mais à chacun sa manière de sentir les affects.

vendredi, septembre 25, 2015

Petite lettre à ma gencive: désolée de ce que tu as subi.

bonjour ma gencive gauche,

je suis vraiment désolée de ne pas t'avoir expliquer ce qui allait se passer lundi, mais il faut dire que le dentiste n'a pas expliqué grand chose. Je lui ai bien demandé qu'il me dise au fur et à mesure ce qu'il faisait, mais il a refusé. Une fois de plus je deteste les chirurgiens.

J'aurai bien pu te dire qu'il y aurait des piqures pour que "je" ne sente rien, mais toi, tu as bien senti cette première agression..

j'aurai pu te dire, qu'il (le dentiste) allait faire des trous, qu'il allait donc forer pour créer un espace pour y mettre les implants, mais je n'y ai as pensé, parce que comme cela avait déjà été fait un fois, mais ailleurs, moi ça ne posait pas de problèmes. Mais faire un trou, ce n'est jamais anodin.

J'aurai pu te dire aussi que pour le troisième trou, ça ne serait pas évident, parce que comme toi et moi nous avons un certain âge et qu'il y'a longtemps que tu ne portes plus de dents à cet endroit là, alors l'os s'est comme résorbé, rétréci et qu'il va falloir créer une sorte de ciment pour que la nouvelle racine (ou tige, c'est comme tu veux) puisse rester en place.

Alors c'est sur que ensuite, tu as réagis, et que tu réagis encore;

Et moi, j'ai besoin de tu refasses de l'os le plus vite possible autour de ces trous, que tu ne prennes pas la mouche en t'enflammant, même si c'est normal, que tu ne t'infectes pas.

Tu sais, je ne pouvais pas imaginer que la joue aussi réagirait en faisant une réaction comme si on lui avait tapé dessus, mais c'est surement ce qui a été ressenti.

Ma gencive tu fais partie de moi et je l'ai oublié. Si j'ai fait faire tout ce travail, c'est parce que je refuse de devenir édentée comme les vieux d'autre fois, mais j'ai oublié de te dire que j'avais besoin de ta collaboration.

C'est si facile d'oublier de parler à son corps quand il va subir une effraction, sous prétexte que des effractions il en a subi déjà en quantité.

Mais j'ai besoin que tu sois consolée de ce qui est arrivé (ou j'ai besoin moi d'être consolée parce que tu es un petit morceau de moi, et que cet hématome qui perdure me- nous- , fait mal.

j'ai besoin de que tu comprennes que c'est important pour moi.

J'ai besoin aussi que tu puisses savoir que je suis en colère contre ce chirurgien qui n'a rien dit de ce qui allait se passer une fois que nous aurions quitté son cabinet.

Alors s'il te plait, maintenant que je comprends ta protestation, mets toi au travail pour que ça cicatrise, pour que ça guérisse, pour que nous puissions si l'on peut dire croquer la vie à pleine dents en espérant que les dents d'en bas tiendront le coup.

Encore une fois pardonne moi.. Et que cette expérience me conforte dans la nécessité de parler aux parties de mon corps qui pourraient (et ce fut vrai pour la prothèse de hanche) être confrontées à des agressions.

vendredi, septembre 18, 2015

"To care, to cure": Soigner, prendre soin.

Suite à mon billet d'hier une amie me fait le commentaire suivant:

"Ce passage me fait aussi penser au lavement des pieds lors de la dernière Cène.(elle essuie les pieds avec ses larmes)
Par son geste elle épouse à l'avance les gestes de service de Jésus".


Bien sur, on peut faire ce parallèle, mais ce n'est pas du tout mon approche.
 Quand cette femme  s'occupe des pieds de Jésus, elle ne fait pas un service, elle ne rend pas un service (on ne lui a rien demandé), elle prend une initiative.
 
Elle prend au sens anglais du verbe soigner, to care soin des pieds de Jésus, comme elle prendrait soin de tout son corps (si cela lui était permis) et elle ne le fait pas comme un service, mais comme un acte d'amour.

 Le Samaritain avec le blessé sur la route de Jericho, fait la même chose: il ne rend pas un service, il ne se met pas au service de cet homme, non il prend soin de lui au sens fort du terme, comme une femme prend soin de son enfant par les soins qui manifestent son amour pour lui.

 Ce que je veux dire c'est que ce geste est un geste d'amour et pas un geste de service, je dirai le geste d'une femme amoureuse, qui n'a pas froid aux yeux, parce qu'elle sait très bien que le regard de ceux qui se disent des "justes" va être très méprisant.

 Cette femme a découvert qu'elle était aimée et qu'elle pouvait aimer vraiment, en esprit et en vérité.

jeudi, septembre 17, 2015

La femme pécheresse: Luc 7,36-50

L'évangile, de Luc, cet évangile de la miséricorde, se penche sur une femme dont on ne connait pas le nom, et peut être que cela est important, car elle peut être n'importe qui d'entre nous, qui a des gestes plus que curieux quand Jésus est attablé chez un pharisien dont on connait le nom.

Ces gestes nous y sommes tellement habitués qu'ils nous semblent normaux, mais le sont ils?

Que fait cette femme?

Elle sait que jésus est invité (vive le bouche à oreille), elle veut le voir ou le revoir. On a beaucoup écrit la dessus, pour ma part, je suppose qu'elle (nous) a déjà vu cet homme et qu'elle a pressenti qu'il était autre, différents de ceux qu'elle connaissait, que ce soit ses amis ou que ce soient ces hommes si religieux.

Elle a un projet, puisqu'elle arrive avec un flacon de parfum. Parfumer, donner une bonne odeur mais aussi changer l'odeur... Car si c'est un parfum qu'elle aime, c'est son odeur à elle qu'elle va mettre sur lui, ils vont partager comme une même enveloppe. Envelopper, c'est ce que font plus ou moins tous les gestes qu'elle va faire sur les pieds de l'homme invité.

Personne ne l'empêche de faire ce qu'elle va faire, et ce qu'elle fait est curieux.

Je cite le texte: Tout en pleurs elle se tenait derrière lui, elle se mit à lui mouiller les pieds de ses larmes, elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.

Il me semble (avec mon bon sens) que pour mouiller les pieds d'un adulte avec des larmes, il en faut beaucoup, que les cheveux n'essuient pas grand chose...

Alors je me suis dit que ces gestes, sont des gestes qu'une femme fait avec son bébé. Son bébé, on le lave, on l'essuie et on l'enveloppe pour qu'il se sent sec, et enveloppé de douceur, on aime bien bien embrasser les pieds de son bébé, et on aime qu'il sente bon, qu'il sente un odeur que l'on a choisi pour lui.

Bien sur, on embrasse ou on embrassait les pieds d'un roi pour lui demander une faveur. C'est censé être un geste d'humilité, mais est ce cela que faisait cette femme? Je ne sais pas. Car ce que je ressens aujourd'hui en lisant ce texte, ce sont des gestes d'une grande tendresse.

Si Jean le Baptiste dit qu'il n'est pas digne de dénouer le lacet de la sandale de Jésus,  c'est que Jésus n'est pas un va nu pied, que ses pieds sont protégés des pierres du chemin, mais pas de la poussière. Laver les pieds est un geste d'accueil (Abraham donne de l'eau aux personnages qui viennent prendre le repas chez lui, pour qu'ils puissent se rafraîchir en se lavant le pieds). Bien sur on peut voir dans ce "lavement des pieds" un geste d'hospitalité, mais je crois que cela va bien au de la.

Alors l'idée qui m'est venue, c'est que cette femme, elle s'est retrouvée à Bethléem, qu'elle a en quelque sorte donné naissance à ce bébé, alors que des bébés elle n'en n'avait jamais eu, et que ce faisant, avec ses soins (laver, sécher, envelopper) elle s'est mise au monde elle-même, parce que Jésus a accepté d'être touché, d'être lavé avec amour, d'être enveloppé dans la douceur des cheveux, d'être frictionné avec l'huile du parfum et de recevoir la tendresse d'un baiser.

Personne ne sait ce qu'elle demandait à Jésus, puisque en quelque sorte les échanges verbaux se font au dessus d'elle, entre Jésus et Simon (que l'on imagine debout, drapé dans sa respectabilité), mais les deux phrases: tes péchés te sont pardonnés, et ta foi t'a sauvée, va en paix, montrent  bien qu'il y a eu chez cette personne un désir profond de changement,  et que cette mise au monde d'elle même, elle est possible pour chacun d'entre nous. Jésus se laisse toucher. Peut-être que parfois les gestes sont plus importants que les discours...


samedi, juillet 04, 2015

Souffrance: n'y a t il pas eu un dérapage?

La souffrance est d'une certaine manière très valorisée chez les chrétiens: Jésus a donné sa vie en mourant sur une croix, en ayant très mal, donc si je l'aime, je veux lui ressembler et donc moi aussi me servir de la souffrance pour être comme Lui.

Que cela donne un sens à la souffrance c'est possible, mais faut il la rechercher pour autant?

Cela est très schématique, mais j'ai quand même des souvenirs des deux années d'école passées chez les " Dames de Saint Maur", religieuses qui étaient des enseignantes et qui valorisaient le sacrifice. Pendant le carême, il fallait faire des sacrifices, du style ne pas manger de bonbons ou être gentil avec quelqu'un qu'on n'aimait pas du tout (enfin ça, c'est déjà mieux), mais il y avait l'idée que Dieu aimait ça et qu'il voulait qu'on se fasse du mal.

Or il me semble que dans les évangiles, même si Jésus n'a pas une vie facile, mais c'est la vie qu'il a choisie, à aucun moment il ne fait l'éloge de la souffrance et qu'il souhaite même qu'elle s'éloigne de lui. D'ailleurs ne dit il pas de lui: "vous dites, il mange et il boit.." ce qui renvoie à une vie pas du tout ascétique, ce qui se comprend car celui qui se prive de tout n'est pas en contact avec ceux qui l'entourent.

Il ne fait pas non plus de lien entre la faute éventuellement commise par des parents et la souffrance vécue par leurs descendants sous forme d'une atteinte somatique. En d'autres termes la théorie de la rétribution, il ne l'accepte pas, d'ailleurs lui qui est juste n'aurait jamais dû finir comme cela.
Alors pourquoi la souffrance est elle tellement valorisée (ou a t elle été tellement valorisée chez les chrétiens)?

Il me semble que cela vient de Paul qui dit compléter dans son corps ce qui manque à la passion du Christ (or cela est une sacrée affirmation qui pose quand même question). Du coup toute souffrance vécue dans l'évangélisation, parce que c'est dans ce cadre là que ça se pose, est magnifiée: par ma souffrance je suis témoin de ce que jésus a subi pour moi, et je deviens comme lui.

Car il faut déjà dissocier les souffrances vécues et subies par ces témoins de la mort et de la résurrection de Jésus (les récits des actes des apôtres font cela très bien), des souffrances inévitables de la vie de tous les jours.  Oui, la souffrance est inévitable, on peut lui donner tous les noms que l'on veut, elle est omniprésente. Si elle prend sens pour certains parce qu'elle leur permet de devenir des petits Christs,  c'est très bien, mais pourquoi avoir voulu en faire quelque chose de nécessaire et du coup de chercher la souffrance là où n'était pas pour se rapprocher du corps souffrant de Jésus.

Alors je ne pense pas que la souffrance soit à rechercher pour être comme lui, mais je pense que ce qui est à chercher c'est d'être vivant comme lui. Et si de la mort, la vie peut naître, cela devient acceptable, mais il ne s'agit pas de rechercher cela mais peut être de trouver en soi ce qui empêche la vie de naître et de ce fait enlever (et cela peut être douloureux) quelque chose qui va vers la mort.

Je crois que prendre sa croix n'est pas passif. Bien sur la vie avec ses épreuves peut être une croix, mais il me semble que ce qui peut différencier le chrétien, celui qui marche à la suite, c'est justement de discerner ce qui en lui va vers le moins bon et enlever cette racine, ce qui est loin d'être facile (et demande l'aide de l'Esprit Saint).

Cloué sur une croix ou corps mis au clou...

Je sais que cette formulation est très impertinente, mais...

Normalement Jésus n'aurait pas du être cloué sur une croix, les représentations de ce supplice montrent souvent des personnes ficelées sur la croix et les clous à cette époque devaient couter un certain prix. Or lui, il tient sur le bois par ces trois clous qui le déchirent et le transpercent.

Quand on met un objet au clou sans notre vocabulaire à nous, cela veut dire qu'on dépose quelque chose de valeur au Mont de Piété pour obtenir quelque chose en échange (en général de l'argent) et que par la suite, si on peut on viendra récupérer l'objet moyennant finances.

Et curieusement je me dis que c'est bien ce que Jésus à fait. Il a mis son corps en dépôt, il l'a donné complètement pour en contre partie obtenir pour lui (et pour nous) la résurrection, et surtout la Vie qui est peut être éternelle, mais surtout une Vie de Vivant, dégagée de la mort, dégagée du péché. Car c'et cette libération qu'il nous obtient en "pendant au gibet de la croix" dira Pierre, nous permettre de vivre de la Vie et dans la Vie.


Unité/Unification

La prière "sacerdotale" Jn 17 est très centrée sur l'unité, unité du fils dans le Père et réciproquement, mais aussi unité du Fils dans les disciples, mais aussi des disciples entre eux.

Sur un blog (soeur Michèle), il y  une phrase que j'ai bien aimée: Le nom commun de la trinité, c'est Amour/ Le Père est la source, le Fils est la parole et l'Esprit est le Souffle.

Dans l'analyse transactionnelle (un peu passée de mode aujourd'hui) il est question d'avoir en soi trois personnes: le parent (qui peut être méchant ou contenant) l'enfant '(soumis ou rebelle) et l'adulte qui souvent doit négocier avec le parent ou l'enfant. Et je me disais que cette trinité qui est en nous, elle va souvent un peu dans tous les sens, et que l'unité interne quand elle arrive à se faire sous le souffle de l'Esprit (si tentée qu'elle puisse se faire totalement) est ce qui donne la paix et la joie et qui permet d'être avec ses frères, dans le complémentarité et non dans la compétition.

Travaillant avec des personnes ayant vécu des abus dans leur enfance, je dois constater qu'elles dont habitées par des parties dissociées, qui veulent d'une certaine manière prendre le pouvoir et qui le poussent à des comportements nocifs. Ce matin je me disais que seul l'Eprit peut permettre à ces parties, non pas de se réconcilier, parce que je ne sais pas si c'est possible, mais de se concilier, c'est à dire de s'accepter les unes les autres, et de faire comme un tissu, peut être rapiècé, mais unique.


mardi, mai 19, 2015

Naissance ou deuil?

En entendant ce texte  Jean 16,20-23a. 


En ce temps là, Jésus disait à ses disciples: Amen, Amen je vous le dis, vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, toute heureuse qu'un être humain soit venu au monde. Vous aussi, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira et votre joie, persona ne vous l'enlèvera. Et en ce jour là, vous ne me poserez plus de questions.

je me disais que les disciples vont être confrontés à une perte. Le Maître va mourir, il vont devoir faire le deuil de celui qui aurait du restaurer la royauté en Israël. Or un deuil, n'est en rien comparable à une naissance, même si la perte d'un être aimé peut nous faire devenir autre. 

L'image de la femme qui enfante et qui va oublier les douleurs après la naissance, concerne t elle vraiment les disciples? Pourront ils oublier le vécu de la mort de leur maître, même s'il redevient vivant 3 jours après? 

Par contre Jésus lui, est beaucoup plus dans une logique d'enfantement. Il va en passant par la mort à la fois s'enfanter un corps nouveau (le corps du ressuscité, n'a rien à voir avec le corps cloué sur la croix), et il va donner naissance à un autre corps que l'on appellera Eglise. Alors oui, Jésus lui est certainement dans les douleurs de l'enfantement car en donnant sa vie, il va donner la vie, il va faire naitre quelque chose de nouveau. 

Quand les disciples, en sortant du deuil, comprendront cela, alors oui, ils seront dans la Joie, et cette Joie personne ne pourra la leur prendre, car ils auront fait l'expérience de la mort vaincue.


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Un dimanche comme les autres..

Et pourtant...

Il s'est trouvé que dimanche lors de la célébration pour la première fois de ma vie, c'est moi qui au moment de "la communion", ai présenté le plat avec les morceaux du pain rompu à un homme "prêtre" et qui lui ai ensuite présenté la coupe. Dire à un prêtre les paroles que lui dit d'habitude, ce n'est pas commun.

Ce qui s'est passé pour moi c'est que cet échange là, où tout s'est inversé, où ce n'est pas le prêtre qui donnait, mais moi qui présentais à mon frère prêtre le corps et le sang, quelque chose s'est crée: ce partage faisait de nous deux un frère et une soeur.

Ce qui m'est alors apparu, c'est que l'important de la messe, ce n'est peut être pas tant la présence du Fils dans ce pain et ce vin, que de partager ce pain et ce vin avec les autres qui sont là avec moi et autour de moi et que c'est ce partage là qui de nous un corps, le corps de ceux qui partagent le même, le corps de ceux qui vivent du même et qui deviennent ainsi des frères.

N'est ce pas cela que voulait Jésus quand il a demandé de faire cela en mémoire de Lui? Pas seulement de le consommer, mais d'abord de faire corps les uns avec les autres.

mardi, mai 12, 2015

Et toi comment vas tu...

Comme il s'agit de "brèves" juste deux petites notes.


La première concerne le dialogue (la prière).
J'ai une amie à laquelle je téléphone régulièrement et que ne me demande jamais ou presque jamais comment moi je vais.. Et au fond de moi, cela me met un peu en colère, même si je sais qu'elle a besoin de parler d'elle.

En repensant à cela en voiture, d'un coup je me suis dit que moi non plus je ne demandais pas de ses nouvelles à Jésus et du coup la phrase du paysan citée par le curé d'Ars, concernant la prière: "je l'avise et il m'avise", m'a paru beaucoup plus complète si on prend aussi le temps de demander à Jésus comment il va, s'il a des soucis et peut être que l'écouter peut permettre un autre dialogue, en tous les cas c'est le cas pour moi.

La seconde est une réflexion sur ce qui se passe pendant une célébration.

Si le but du sacrifice dans le religion juive est de faire en quelque sorte descendre Dieu du lieu où il se trouve pour venir regarder celui qui offre, alors au moment de la consécration, il ne s'agit pas uniquement de faire venir Jésus dans ces offrandes en commémorant ce qu'il s'est passé un jour du temps, mais de savoir au plus profond de soi, que le Père est là, Lui aussi  tout entier. Je sais bien que Jésus et le Père, sont censés être Un, mais là, pour moi c'est une espèce de révélation. Ce qui se donne là, c'est la présence totale de dieu et c'est au dessus des mots.

dimanche, mai 03, 2015

"je suis la vigne et vous êtes les sarments" Jn 15

Dans le temps après Pâques le lectionnaire propose pour le 5° dimanche la lecture de Jn 15(1-8) où Jésus nous demande de demeurer en Lui, comme les sarments font partie du cep du vignoble.

Cet évangile, nous l'entendons un peu comme un morceau choisi, mais si on le replace dans le contexte, il s'agit (ou il s'agirait) de paroles prononcées juste avant l'arrestation de Jésus, et ce ce fait d'autres questions surgissent. Jésus la Vigne va être tué, alors qu'adviendra t il et de lui et des disciples?

Dans le premier testament, la Vigne par définition est Israël (le peuple) et la terre d'Israël. Jésus propose alors quelque chose de radicalement différent.

Ce n'est plus la terre qui crée l'appartenance à Dieu, mais c'est en Lui, qui est  enraciné dans le Père, puisque Lui et le Père sont Un, que l'appartenance se fait.

De même que désormais les adorateurs du Père n'adoreront plus dans le Temple, mais en Esprit et en Vérité (Jn4), les fils n'appartiendront plus à une terre, mais au Fils qui est le Royaume.

Mais il est bien évident que tout cela ne pouvait prendre sens qu'après la résurrection et après le don de l'Esprit.

lundi, avril 06, 2015

Resurrection

Résurrection           

Ce qui est étonnant dans la résurrection c’est le calme. On aurait pu imaginer un triomphalisme, avec du bruit, des trompettes, mais il n’en n’est rien. Tout se passe dans le calme. C’est au petit matin que les femmes arrivent, la pierre est roulée, elles peuvent entrer. On sait par l’évangéliste Jean, que tout est bien rangé, comme si ce tombeau emprunté devait être remis en état : alors pas de linges en bazar sur le sol. Tout est plié, propre. Pour Jean, le signe ou les signes sont suffisants : il croit.

Si Matthieu parle d’un tremblement de terre, si Marc parle d’obscurité qui recouvre la terre, au moment de la mort de Jésus, là, rien. Les soldats qui étaient censé gardé le tombeau, ont dormi du sommeil du juste, tellement c’était calme. Rien n’a bougé dans la nature, et pourtant…

Et pourtant c’est un changement de taille qui s’est produit, un changement de nature ; un changement de nom, car le Jésus de Nazareth, Jésus le crucifié comme le dit le jeune homme qui s’adresse aux femmes dans l’évangile de Marc, porte désormais le nom qui est au dessus de tout nom, le nom qui met le mal en déroute.

Quant aux femmes, elles étaient seules. Personne n’a rien vu de la rencontre. Le narrateur décrit des faits rapportés plus tard ; on sait juste que dans Marie (évangile de Jean), reconnaît à la voix (pas au physique) et que Jésus refuse d’être « touché » physiquement. 

On sait aussi que les femmes auxquelles Jésus apparaît (évangile de Matthieu) lui saisissent les pieds et se prosternent, mais Jésus disparaît. Je dois dire que cette insistance sur les pieds, fait un peu penser aux petits enfants qui lorsqu’ils ne veulent pas qu’un adulte s’en aille, s’accroche à sa jambe, mais venant de femmes d’âge mur, cela est curieux. Ce qui semble certain c’est que Jésus se manifeste à qui il veut, comme il veut, mais sans esbroufe. Il vient consoler, réconforter, donner de l’espoir dans le calme. Il donne aussi des directives: l'attendre, le retrouver.

Même l’ascension se passe dans le calme. On est bien loin des manifestations de l’Horeb. 

Il faudra attendre la Pentecôte pour que le bruit reprenne le devant de la scène, comme si les signes terrestres (le vent, les flammes, parfois des tremblements de terre) qui permette souvent aux hommes de croire parce que ces phénomènes là, font peur et manifeste une présence divine, n’étaient pas nécessaires.

La présence de Jésus, de Jésus ressuscité, est suffisamment pleine pour qu’elle n’ait besoin d’aucun signe extérieur.


Bien sur, un Jésus qui traverse les murs, un Jésus qui est là où on ne l’attend pas, cela surprend, mais cela permet d’avoir en nous une représentation du ressuscité qui est une représentation dans la douceur, dans l’émerveillement qui conduit tout droit à la joie et cette joie là, elle nous appartient, elle avait été annoncée dans l’évangile de Jean et personne ne peut nous la ravir.

Isaïe 30,15: c'est dans le calme et la confiance que sera votre Salut.


dimanche, février 15, 2015

Immortalité

Dans le chapitre 3. de la Genèse, papa Dieu pas trop content d'avoir été berné par le serpent, va dans un  premier temps dit à l'humain qu'en punition, 'il devra travailler la terre qui ne donnera pas spontanément son fruit (il va falloir en quelque sorte l'arracher alors que dans le jardin il suffisait de tendre la main) et qu'il gagnera son pain à la sueur de son front. Mais surtout il lui annonce que ce travail là, il le fera jusqu'à sa mort, ce moment où il va retourner à la poussière dont il vient.

Théoriquement la mort est entrée dans le monde à ce moment là. Ce qui laisse à supposer que l'Adam ne devait pas ou n'aurait pas du connaitre la finitude de la mort, ou la décrépitude de la vieillesse ou l'atteinte de la maladie. La mort est une punition.  Si Adam n'avait pas pris le fruit de cet arbre qui pouvait le rendre malade (car on peut aussi comprendre ainsi l'interdiction: le fruit de cet arbre est mauvais pour toi, il peut t'empoisonner, et moi Dieu je te te mets en garde), peut être qu'en utilisant les fruits de l'arbre de vie il aurait pu ne pas mourir.

Par définition Dieu est immortel, il n'a pas de début ni de fin, il est. L'humain lui a une origine, il est créature, mais le désir de vivre éternellement est une sorte d'obsession car cela le fait un peu l'égal de Dieu. Que la mort soit expliquée par la désobéissance, pourquoi pas, mais l'existence de l'arbre de la vie  peut indiquer que dans le mythe, la mort, la maladie pouvaient être vaincues an mangeant le fruit (ou les fruit) de cet arbre magique.

Alors Dieu qui vient déjà de dire à Adam qu'il va retourner à la poussière, en rajoute une couche en interdisant l'accès de cet arbre et en fermant l'accès de ce dedans (ce jardin qui a toujours été pour moi évocateur d'un utérus) où la vie était somme toute nettement plus facile.

Cet arbre de la vie, qui comme celui d la connaissance est dans le milieu du jardin,  devient  inacccessible. Les fruits (ou les feuilles) qui peuvent guérir deviennent hors de la portée d'Adam et de sa descendance.

Et pourtant...

Si cet arbre est hors de notre portée, il y a en un autre qui lui est bien là, c'est l'arbre de la croix. Sur la croix, il y a un corps (le fruit si l'on peut dire) et ce corps peut être consommé (c'est ce que Jésus a demandé) et cela nous donne aujourd'hui la vie, non pas l'immortalité du corps mais l'entrée dans une vie autre, une vie en relation, une vie qui peut aussi donner du fruit, une vie éternelle.

samedi, février 07, 2015

"Obéir"?

Marc rapporte la mort de Jean qui était emprisonné pour avoir dénoncé l'inconduite du roi local.

Cet homme emprisonné, qui d'après ce que  l'on peut lire dans les différents textes recevait ses disciples dans sa prison et qui taillait la bavette avec Hérode était pour les soldats qui le gardaient très certainement un saint homme. Peut être que certains d'entre eux avaient été baptisés par lui.

Et voilà qu'un soir, parce que la fille de la femme du roi a un peu trop bien dansé et que le roi a un peu trop bu, il faut qu'un soldat aille couper la tête de cet homme que tout le monde certainement admire.

Jamais jusque là je n'avais pensé à ce que peut ressentir quelqu'un au quel on donne l'ordre d'aller décapiter un  homme qui ne lui a rien fait, pour lequel il n'a pas aucun désir de vengeance, le faire froidement pour obéir à un ordre donné par un fou.

Quand dans un autre évangile le centurion dit à Jésus: quand je donne un ordre à mon serviteur, il le fait, quand je lui dis d'aller à tel endroit il obéit..

Oui cela c'est normalement ce que doit faire un soldat, mais ne faut il pas parfois préférer sa propre mort plutôt que d'obéir à un ordre de ce type?

Peut être que Jean n'a pas été égorgé mais tué autrement puisqu'il fallait que sa tête soit apportée en gage de sa mort, mais il n'en demeure pas moins que tuer un humain de sang froid cela doit être affreux, enfin pour moi, tel que je me représente les choses.

Cela renvoie aussi à ces images terribles que nous voyons, ces exécutions qui sont censées servir d'exemple et créer la terreur, mais là dans cette narration c'est la toute puissance d'un roitelet, qui ne peut pas revenir sur sa parole (et on peut se demander pourquoi), qui oblige un homme à en tuer en autre pour faire taire la parole juste.

mardi, janvier 27, 2015

"Tu dois me respecter, sinon je te fais la peau".

"Charlie Hebdo": la loi du gang

Quand on regarde les séries policières qui décrivent ce qui se passe entre des bandes rivales et à l’intérieur des bandes, ce qui compte c’est le respect.

Le chef doit être respecté. S’il ne l’est pas, il peut aller jusqu’à tuer celui qui semble vouloir prendre sa place; qui ne se soumet pas à sa manière de voir les choses; qui en pensant différemment devient l’adversaire à abattre.
Car le chef doit dominer les autres, par tous les moyens, y compris par le meurtre.

Ce qui s’est passé lors de l’attaque de Charlie Hebo est me semble-t-il de cet ordre là.
Il ne s’agit pas du désir de détruire la liberté d’expression, mais de tuer ceux qui ont manqué de respect à "une autre bande", et qui risquent de diminuer son pouvoir. C’est une punition, pour faire peur aux autres.


Ensuite on peut parler de beaucoup de choses pour que les foules se lèvent, mais fondamentalement, ce que Charlie n’a pas respecté - au sens fort du terme (il a osé lever les yeux et défier), ce sont les règles du jeu qui régissent "le gang"; certaines banlieues.

mercredi, janvier 21, 2015

Qu'y a t il sur l'autel?

Quand un prêtre célèbre la messe, il y a sur l'autel parce que Jésus a dit de le faire (son commandement) du pain et du vin, le corps et le sang.

Classiquement quand on réfléchit à ce qui demeure un mystère, on fait référence au sang de l'agneau pascal: passage de Dieu (Pâques) et aussi vie du peuple contrairement aux égyptiens qui pendant cette nuit assistent à la mort de tous les premiers nés, mais aussi au sang de cet agneau que Moïse devait offrir à son Dieu (refus de Pharaon).

Le pain renvoyant, aussi à ce pain qui n'a pas eu le temps de lever, mais aussi  à la manne.

Et au total, pain et vin, corps et sang, c'est à dire totalité de la personne qui se donne totalement qui garde tout pour elle.

Mais en lisant l'épitre aux hébreux je suis retournée voir dans le livre de l'exode et le livre du lévitique ce qu'il en est du rôle du grand prêtre et de son rôle.

Ce qui m'a frappé (d'où le libelle de ce billet: petites idées) c'est qu'il offre à la fois des sacrifices végétaux et animaux.

Or on peut dire que la pain c'est le sacrifice végétal, le blé (farine dans le premier testament) et que le vin qui bien sur est du végétal mais qui ne semble pas être offert de manière régulière sauf peut être pour les prémisses, c'est le sang versé.

Alors nous reproduisons l'ancienne alliance qui donnait du végétal et de l'animal mais en la sublimant. Nous maintenons une tradition d'offrande, mais nous lui donnons un autre sens, car Dieu devient présent

Les scribes et les pharisiens

Le lectionnaire de semaine propose une lecture de l'évangile de Marc. Or j'ai été surprise de la présence permanente de ces pharisiens ou de ces scribes, qui quelque part semblent être là pour épier, pour espionner, pour pouvoir dire si Jésus est un vrai Rabbi ou un imposteur.

D'une certaine manière, ils sont un peu comme une instance surmoïque.

Mais vraiment, n'ont ils rien d'autre à faire dans la vie que d'être en permanence sur les pas de Jésus et de ses disciples, de poser des questions soit aux disciples:pourquoi votre maître fait il ceci ou cela, ou à Jésus, où encore en eux-mêmes (Jésus savait ce qu'ils pensait).

Alors je me suis demandé se du moins dans le début de l'évangile, si ces scribes et pharisiens n'étaient pas porteurs des questions que les disciples pouvaient eux-même se poser, surtout si certains d'entre eux avaient été disciples de Jean le Baptiste qui semblait demander quelque chose d'assez ascétique à ses partisans?

J'ai dû renoncer à cette hypothèse qui pourtant me séduisait assez, car la fin du chapitre 2 (l'épisode de l'homme à la main paralysée guérie un jour de shabbat) montre que les pharisiens s'unissent aux hérodiens (ceux qui ont un pouvoir politique) pour le faire mourir.

Du coup, on peut se demander pourquoi ce prédicateur leur parait si dangereux et si la mort de Jean le Baptiste ne les a pas arrangé...

Mais il n'en demeure pas moins que ce chapitre qui inaugure le ministère de guérison de Jésus a pu paraître bien déconcertant pour ses disciples et donc peut être aussi pour nous, la question étant: qui est il celui là? D'où lui vient cette autorité et ce pouvoir et pourquoi ne fait il pas comme tout le monde?

Je suppose que lorsqu'on a descendu le paralysé et que Jésus a dit "tes péchés te sont remis", les disciples ont du se poser des questions: pourquoi ne le guérit il pas, puisque c'est ce qu'on lui demande et qu'il guérit en principe tout le monde. Pour qui se prend il puisque seul Dieu peut remettre les péchés? Alors les réponses de Jésus d'adressent à tout le monde, scribes, disciples, la foule (et à nous aujourd'hui) et la réponse concerne l'identité de Jésus, le fils du charpentier que sa famille essayera de ramener à la maison un peu plus tard.

Quand on reproche à Jésus de ne pas respecter les jeûnes des pharisiens et de Jean, les disciples savent bien que ce n'est pas normal de ne pas jeûner. La réponse, elle est pour eux: ils sont avec l'époux (et comme Jean le Baptiste avait pu dire qu'il était l'ami de l'époux et se réjouissait de sa présence), mais que un jour il partira et que ce soir là, ils seront dans la tristesse et jeûneront.  Là encore c'est l'identité de Jésus qui se révèle, il est l'époux, comme dans le cantique des cantique, mais aussi comme Dieu est époux de son peuple (Amos, Osée).

Quand les disciples arrachent des épis un jour de sabbat, ils savent très bien que c'est interdit. La réponse de Jésus, va leur faire comprendre que comme David, il peut si nécessaire faire ce qui est bon pour combattre, car l'épisode auquel Jésus fait référence pour justifier ce que font les disciples, montre que David poursuivi par les hommes de Saul,  prend certes les pains qui étaient réservés à Dieu (et au prêtre) mais aussi son épée, pour pouvoir combattre, or Jésus et ses disciples auront à combattre. Et là, Jésus de situe comme roi.

Je pense que l'on peut reprendre dans cet esprit beaucoup d'épisodes où les scribes et pharisiens sont mis en scène. Avec l'idée que le jour où Pierre pourra répondre à la question de Jésus: et vous qui dites vous je suis? par l'affirmation "Tu es le fils du Dieu vivant" alors les disciples auront fait le pas et découvert l'identité de celui qu'ils suivent.

les scribes et les pharisiens deviendront vraiment les adversaires extérieurs, ceux qui ne veulent pas entendre celui qui dérange, celui qui les dérange parce qu'il remet en cause leur manière de "faire" la loi et non pas "d'être dans la  loi".

mercredi, janvier 07, 2015

" leur coeur était endurci"Marc 4, 32

Cette phrase qui clôt ce qu'on a coutume d'appeler la tempête apaisée est pour le moins curieuse. "Ils étaient au comble de la stupeur car ils n'avaient rien compris au miracle des pains: leur coeur était endurci".

Quand j'ai lu ce texte hier soir, je me suis dit que bien souvent je ne comprends pas les signes qui me sont donnés, que mon coeur n'est pas ouvert, que je passe à côté. Mais ce après midi, je continue à me poser des questions. Ils ont bien distribué le pain et les poissons, ils ont bien mis ce surplus dans douze couffins, alors comment peuvent ils ne pas comprendre que ce que jésus a fait là dans cette surabondance c'est bien plus que la manne donnée jadis par Moïse dans le désert. Que  c'est bien le signe que avec un tout petit peu il est possible de faire des merveilles. Qu'il peut créer de quoi rassasier ce qui étaient sur le point de défaillir.

Alors pourquoi n'ont ils pas compris?

Il y a peut être une explication, mais elle est d'ordre psychologique: les apôtres sont fatigués, ils en ont assez ils voudraient que ça s'arrête, ils voudraient avoir leur maître pour eux tout seuls, bref ils sont las, mais ils sont aussi en rogne. Ils voudraient Jésus pour eux et pas pour les autres. Ils en ont assez de le partager, assez de faire.

Car cela fait un bon bout de temps que le Maître enseigne, comme si cela ne finirait jamais. Cela fait d'ailleurs tellement longtemps que la nuit est en train de tomber et que eux ils voudraient bien que tout le monde s'en aille. Et au lieu de céder à leur demande, voilà que le Maître leur demande de leur trouver à manger, de dépenser des sous, de continuer à rester sur la brèche.

Une fois trouvés ces cins pains et ces deux poissons, une misère, il a fallu mettre toute cette foule en petits groupes, et ça n'a pas été facile. Il a ensuite fallu apporter ce pain et ces poissons et encore après tout ramasser et immédiatement prendre la barque pour aller l'attendre à Betsaïde. Et pour comble de tout, il a fallu batailler avec les vents.

Alors oui, pas un instant pour se reposer, pas un instant pour se retrouver ensemble avec lui.

Alors bien sur, il a multiplié les pains, mais bon, c'est son truc à lui, mais eux, ils n'ont vu que le surcroit de travail et ils en ont eu assez.

Et puis pour le comble du comble, Jésus leur fait la trouille de leur vie en marchant sur les eaux et en les dépassant. Crier pour les hommes qu'ils sont, cela ne se fait fait pas, mais tant pis. D'ailleurs c'est peut être à cause de leur cris qu'il les a vus et qu'il est monté dans la barque et que ce foutu vent et ces grosses vagues se sont enfin calmées.

Mais ce qu'ils sentent en eux, c'est de la peur, pas de la joie, pas de la paix malgré la rive qui es là toute proche. Ils ont peur de leur Maître comme la tempête a peur de lui. Mais ce n'est pas le calme qui est en eux, c'est malgré tout la peur.

Alors peut être que Marc (Pierre)  peut écrire que effectivement la peur avait peut être fermé leur coeur .

Partager Jésus avec d'autres, avoir l'impression qu'il nous laisse tous seuls nous débattre avec le Mal, peut parfois fermer nos yeux aux merveilles qui se sont pourtant réalisées, et fermer aussi notre coeur.

C'est juste une idée comme cela, mon interprétation d'aujourd'hui de cette phrase qui m'a rudement interpellée.