vendredi, janvier 29, 2016

Choix, liberté..

En travaillant le livre des juges, j'ai été interpellée dans le deuxième chapitre par le fait que l'écrivain de ce livre pense que si Dieu a laissé dans la terre promise des peuples qui  avaient des croyances différentes, c'était pour mettre Israël à l'épreuve. En d'autre terme: Dieu teste son peuple comme s'il fallait lui faire passer un examen de passage. Si c'est réussi, Dieu aide, si c'est loupé, Dieu abandonne pour un temps.

Cette représentation d'un Dieu qui teste, je la déteste.. Et pourtant elle est présente tant dans des écrits contemporains qui parlent des épreuves qui nous tombent dessus comme d'un testing voulu par Dieu pour voir si nous sommes capables de résister à la tentation (de baisser les bras, de nous détourner de lui), que dans la Bible elle même.

C’est souvent comme cela que l'on présente "le sacrifice d’Abraham". Lui ne sait pas qu’il s’agit d’une épreuve, mais nous les lecteurs nous le savons et nous apprenons aussi que Abraham réussit son épreuve comme s’il avait réussi un examen. Il a obéit à un ordre insensé, (la foi dirait Paul), de sacrifier son fils, son unique. C'est au dernier moment Dieu lui fait comprendre, mais aussi à tout ceux qui viendront après lui, que ce Dieu en qui il a mis sa fair n'est pas comme les dieux des autres peuples, qu’il ne veut pas sacrifices humains. Bon c’est une explication à visée théologique, mais ce Dieu là, a en lui quelque chose de pervers qui est à la limite du supportable.


Petit à petit une autre compréhension s'est faite pour moi, elle est encore à l'état d'ébauche. C'est plus une réflexion biblique que philosophique. 


Si on relit le premier testament, on voit que l’homme n’a jamais été placé dans des conditions de vie facile. Pour vivre, il doit faire des choix. Le choix dans la bible c'est de tenir compte de la présence d’un Dieu qui est certes exigeant, mais qui veut la vie.

 Or pour choisir il faut avoir un certain degré de liberté, ce qui permet de supposer que l’homme a en lui la liberté de choisir entre deux possibles. Ces deux possibles sont soit un possible centré sur lui, sur la jouissance immédiate (la convoitise) soit un possible qui le décentre de lui, qui lui fait tenir compte d’un Autre, que cet Autre soit présent ou absent.

SI je pousse ce raisonnement jusqu’au bout, cela me conduit à dire que quand il y a choix, il y a liberté (sinon ce n’est pas un choix), et que le choix s’exerce entre deux possibles : un défini comme bon et un défini comme mauvais.

Et cela revient à dire que le mal est présent dès l’origine. Ce n’est pas le serpent qui fait entrer le mal dans le monde, le mal est déjà là, puisque dieu dit à Adam : de cet arbre si tu en manges (si tu le choisis) tu mourras, tu pourras certainement. C’est bien dire que cet arbre est dangereux, mortifère, même s’il peut paraître séduisant (c’est là-dessus que jouera le tentateur). En d’autres termes sur le plan symbolique, les deux arbres du jardin primitif représentent cela. Adam n’a pas choisi le bon, et il était prévenu. Ces deux arbres sont toujours en chacun de nous.. Je pense que si Adam avait choisi l’arbre de la vie, il aurait eu en prime l’arbre de la connaissance car il aurait été capable de réflexion et non de convoitise.

Du coup la question de savoir si Dieu a créé le mal ne se pose plus de la même manière pour moi. A partir du moment où Dieu crée un homme avec la liberté (on pourra revenir la dessus), le mal et bon coexistent, à l’homme de choisir ce qui va la vie, c’est à dire vers son humanisation et non vers la mort, c’est à dire son animalisation. Isaïe ne fait il pas dire à Dieu Is 45, 7 : « je forme la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur, c’est moi le Seigneur qui fais tout cela ».

Alors parler de l’épreuve en terme de test, je déteste cela. Voir dans l’épreuve la possibilité d’exercer notre liberté dans le choix, cela c’est radicalement différent. Jésus a eu le choix lui aussi et il n’est pas interdit de penser qu’il a peut être eu envie de jeter l’éponge.. Mais il a choisit d’épouser (au sens fort), de s’accorder (au sens fort aussi) à la présence du Père en lui pour montrer à l’humanité qu’aimer c’est cela qui humanise et divinise. 

L'important étant cette liberté qui est donnée à chacun et d'apprendre à s'en servir. "La vérité vous rendra libre"Jn 8,32 dit Jésus et "la vérité c'est qu'ils te connaissant Toi et ton envoyé". 

A suivre, parce que c'est bien touffu encore. 
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