lundi, février 26, 2018

Ex 12,25: " Du pétrin à la croix"

En lisant le récit de la sortie des Hébreux du pays d'Egypte, en pleine nuit, après que l'Ange du Seigneur ait tué tous les premiers-nés au pays d'Egypte, j'ai trouvé très étonnante la phrase suivante: "Le peuple emporta la pâte avant qu'elle n'ait levé: ils enveloppèrent les pétrins (ou les huches) dans leurs manteaux (certainement pour garder au chaud, puisque le pain a besoin de chaleur pour lever), et les mirent sur leur dos"

Je ne reviens pas sur la logique du texte, parce que si le peuple a mangé l'agneau, ils ont bien dû manger aussi du pain (galette).

Mais il me semble que lorsqu'on doit prendre un long chemin, qui est malgré tout un chemin d'exil puisque les Egyptiens "chassent" les Hébreux, il est bon de prendre des provisions pour la route, donc du pain, même s'il est encore à l'état de pâte, et de l'argent (les bijoux donnés par les voisins), parce que ça permet éventuellement de pouvoir acheter de quoi manger (mais pas de fabriquer un veau!). Quant à la cuisson de cette pâte, à cette époque là, si j'en crois différents articles, elle peut se faire sous la cendre (il faut faire un feu sur du sable, et dans le désert ça ne manque pas) ou sur des pierres elles-mêmes chauffées.

Mais ce qui est dit, c'est que la pâte n'avait pas eu le temps de lever, ce qui laisserait à penser que c'était quand-même une pâte avec quelque chose (il est dit que l'eau du Nil avec ses alluvions joue un peu le rôle de levain ) qui devait lui permettre de monter au moins un peu, ne pas être dure comme du bois.

On peut donc penser à un mélange de farine, de sel et d'eau, mise dans un récipient en bois, et que l'on laissait reposer un certain temps avant de la faire cuire. Et je peux imaginer que marcher avec cela sur son dos, cela ne soit pas être facile. Cela pèse son poids, cela empêche de courir, et si en plus on doit l'entourer avec son manteau, on doit avoir froid, mais que ne ferait on pas pour avoir un minimum de provisions quand on prend une route qui est quand même une route d'exil?

Et en pensant à ce poids qui pèse sur sur le dos, il m'est venu à la fois une phrase d'un psaume: "J'ai enlevé le poids qui pesait sur tes épaules" (Ps 81,6) - mais là il s'agit du poids de la servitude, parce que c'est ce que vit quand même le peuple, et remplacer l'esclavage par la liberté, cela n'a pas de prix; mais surtout j'ai pensé à un autre objet en bois, qui pèse aussi son poids: la croix. 

La croix, c'est elle dont nous devons nous charger si nous voulons être disciples: "Si quelqu'un veut être mon disciple qu'il renonce à lui-même (ce qui entre parenthèse revient à s'alléger de soi et donc enlever un poids), qu'il se charge de sa croix (ou qu'il prenne sa croix) - et donc là il y a bien quelque chose à mettre sur son dos, et qu'il me suive (Luc 9,23).

Cette croix, c'est Jésus qui l'a portée en premier sur le chemin qui allait du palais de Pilate au Golgotha. Croix qui nous libère de la servitude du péché, mais surtout croix qui nous donne chaque jour le pain de la vie. C'est sur la croix que, si je peux me permettre, le pain confectionné pour la Pâque, avec de la farine, de l'eau et du sel, prend chair, devient chair, et devient pour nous pain qui est nourriture et qui nous délivre du poids de la mort.

Alors je ne sais pas si cette image du peuple qui marche avec son pétrin ou sa huche sur son dos est réellement une image de Jésus qui marche avec cette croix et qui fait de lui le pain de la vie, mais aujourd'hui, pour moi, cette représentation est importante, car elle est nourriture pour mon cœur.


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